Que diable est-elle allée faire dans cette galère ? Elisabeth Borne est candidate à la tête du parti présidentiel Renaissance, qui dévoilera le nom de son futur chef le 7 décembre prochain. « Il est essentiel de porter un projet collectivement, que ce ne soit pas une aventure individuelle », a insisté l’ancienne Première ministre mercredi matin, sur France inter. Une pique à peine voilée à son futur rival, Gabriel Attal, qui devrait se lancer dans la course ces prochains jours.
« Elle va se faire humilier »
Le 11 octobre dernier, Elisabeth Borne a défendu son projet pour le mouvement présidentiel devant le bureau exécutif. Gabriel Attal était présent, et a lui aussi « jeté les bases » d’une candidature. Avant même de se dévoiler, le patron du groupe macroniste à l’Assemblée a recueilli de nombreux soutiens. Début octobre, deux tiers des présidents départementaux du parti ont appelé à sa candidature dans une tribune publiée sur l’Opinion.
Un exemple du rapport de force déséquilibré en faveur de l’ancien ministre de l’Education nationale. « Les militants ont besoin de repères. Attal est idolâtré chez les militants après son combat des législatives. Le match est plié d’avance, c’est du 80/20. Elle va se faire humilier… », souffle-t-on au sein du groupe macroniste. Ce constat interroge sur les raisons qui poussent Elisabeth Borne à se lancer dans ce défi. « Si on a une envie, c’est sain d’y aller. Il ne faut pas y voir un début de guerre des chefs. On a la chance d’avoir deux personnalités respectées, c’est une bonne chose », dit pudiquement Prisca Thevenot, députée des Hauts-de-Seine, ancienne porte-parole du gouvernement et soutien de Gabriel Attal.
« Un moyen d’exister »
Mais cette campagne, qui coïncide avec un retour médiatique pour la sortie de son livre Vingt mois à Matignon (Ed. Flammarion), en librairie ce mercredi, est aussi un moyen de défendre son bilan. S’agaçant d’être résumée à ce cruel surnom de « Madame 49.3 », Elisabeth Born dit ressentir « un fort sentiment d’inachevé » dans ses écrits, regrettant son limogeage par Emmanuel Macron. Dans ce contexte, et sur fond de dérapage des déficits, elle n’épargne pas non plus son successeur, qui ne l’a pas citée lors de son discours de passation de pouvoir à Michel Barnier début septembre. « On voit bien que les finances publiques se sont dégradées ces six derniers mois », taclait ainsi la députée du Calvados dans Var-Matin le 12 octobre.
Autre pique adressée à Gabriel Attal dans un entretien au Point, quatre jours plus tard. « L’expérience que j’ai pu avoir me permet aussi d’être plus en prise avec le quotidien. Tout ça me donne une connaissance du pays, pas de quelques arrondissements parisiens », a-t-elle lancé, alors que son rival est parfois critiqué pour n’avoir vécu que dans la capitale.
Peser au sein de l’aile gauche
Une candidature pour régler ses comptes ? « Les petites phrases sont un moyen d’exister. C’est dommage que des personnalités avec le sens de l’Etat en passent par là… », soupire un député Horizons. Les soutiens d’Elisabeth Borne, dont les anciens ministres Aurore Bergé et Clément Beaune, louent au contraire son sens du collectif et sa candidature désintéressée de toute ambition personnelle. Personne n’ignore que Gabriel Attal souhaite mettre la main sur le parti (et ses coffres bien remplis) pour préparer au mieux la présidentielle de 2027.
Malgré les déconvenues et son relatif isolement, Elisabeth Borne répète qu’elle ira au bout de cette bataille perdue d’avance. Ses camarades en doutent : « Elle souhaite surtout montrer qu’elle veut peser au sein du camp présidentiel, assure l’un d’eux. Mais elle finira par lâcher lorsqu’Attal lui proposera une sortie qui lui permet de ne pas perdre la face ».
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