Gilles-William Goldnadel : «Yahya Sinwar est mort… et maintenant ?»
Par Gilles-William Goldnadel
FIGAROVOX/CHRONIQUE – Pour notre chroniqueur, tant que le monde médiatique continuera à se montrer extrêmement sévère à l’égard d’Israël et d’un paternalisme indulgent vis-à-vis des excès de la partie arabe de la Palestine, il y a peu de chances que la situation au Proche-Orient évolue.
Le destin d’Israël semblait implacablement tracé. Même si on ne se le disait pas à soi-même. Le peuple Juif dans son état comme au-dehors semblait retrouver son antique statut.
Ses adversaires sentaient déjà l’odeur du fumet. Ils n’allaient certainement relâcher l’étreinte, eux qui n’avaient rien lâché au moment où il semblait invincible.
Sinwar est mort presque par hasard. Son destin peut-il modifier le cours de celui de l’État dont il voulait la fin ?
Laissons ici la métaphysique et visitons quelques acteurs de la pièce qui se déroule devant le monde et qui relègue au second plan bien des drames autrement plus sanglants.
Mais il se trouve que l’État Juif fascine. Sion sécrète une maladive obsession…
Où en est Israël, quelques jours après la mort de sa cible principale ? Entre espoirs pour les otages et divisions même après le grand carnage.
Le monde voudrait qu’Israël envisage déjà l’après-guerre et la création d’un état pour les Arabes palestiniens, alors que samedi un drone venu du Hezbollah pro-iranien a réussi à frôler la maison familiale de son responsable principal… Dans quelques jours, l’Iran islamique presque nucléaire qui a juré sa destruction devrait recevoir peut-être une visite…
Quant aux Arabes palestiniens, l’OLP, censée être leur organe le plus représentatif et le plus modéré a déclaré «pleurer Sinwar».
Arrêtons-nous un instant sur ces larmes. La doxa médiatique la plus convenable – et pas forcément anti-israélienne – voudrait exhorter Israël à faire un peu de place sur son territoire exigu et déjà difficilement défendable au peuple arabe. Et l’auteur de ces lignes n’était certainement contre le principe, n’ayant pas la religion du terrain.
Mais comme pour l’amour, pour faire la paix il faut être deux.
J’affirme que jusqu’à présent, Israël qui aura beaucoup essayé, n’a toujours pas trouvé le partenaire d’à côté qui considère que la Palestine n’est pas arabe et musulmane toute entière. Voilà pourquoi la Palestine politique porte le deuil du bourreau des juifs, tout entière.
Tant que le monde médiatique continuera à se montrer d’un sens critique d’une sévérité paternelle acérée pour Israël (censé être plus intelligent ?) mais d’un paternalisme indulgent pour les excès de la partie arabe palestinienne, pourquoi voulez-vous donc qu’elle fasse un effort sur elle-même ?
Le silence extraordinaire de LFI la condamne davantage encore que ses divagations antisémites ordinaires. Gilles-William Goldnadel
Jetons un regard sur l’ONU qui est devenu plus le problème que la solution. Sa majorité automatique est devenue une machine à condamner automatiquement Israël.
Passons sur son Secrétaire général décrété persona non grata dans l’État hébreu depuis qu’il avait oublié de condamner l’Iran et le Hezbollah après leurs agressions.
Passons sur l’UNRWA dont la complicité de certains de ses agents avec le Hamas n’est même plus contestée .
Passons sur sa Finul. Un gigantesque réseau militaire du Hezbollah a été identifié sous l’une de ses tours, selon le JDD.
Et arrêtons-nous un instant sur la Rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés. Elle aussi est persona non grata dans un certain endroit. Vendredi, le ministère des Affaires étrangères français a été contraint de considérer ses dernières déclarations «inacceptables», «antisémites» et à réclamer des sanctions. Il se trouve en effet que cette représentante officielle de l’ONU a cru devoir comparer l’État Juif à l’État nazi.
Mais il se trouve aussi que je suis depuis le 7 octobre la Rapporteuse spéciale des Nations unies avec grande attention, celle-ci étant coutumière de ce genre de déclarations.
Il se trouve surtout qu’elle aura été citée abondamment et sans recul par Le Monde et l’audiovisuel de service public pour témoigner impartialement de la situation au Proche-Orient. Pourquoi voulez-vous que les Arabes palestiniens fassent un effort de modération quand l’ONU et certains médias sont plus extrêmes qu’eux ?
Nous ne dirons pas un mot sur la France Insoumise, puisqu’elle n’en aura pas eu un pour saluer le châtiment du fanatique islamique. Son silence extraordinaire la condamne davantage encore que ses divagations antisémites ordinaires.
Je terminerai ces réflexions, sinon macabres au moins amères, par notre président de la République.
Tout a été dit, y compris par nous ici, sur le caractère erratique de ces analyses historiques. Voici à présent qu’après s’être bien gardé de les démentir depuis près d’une semaine, il morigène la presse d’avoir osé les rapporter. Autant casser le thermomètre pour vouloir faire baisser la fièvre. Bientôt sera organisée sous son égide, une conférence sur le Liban. On peut imaginer par avance son bilan avec des partenaires aussi bienveillants que l’Algérie et alors même qu’il aura ménagé le Hezbollah et l’Iran des mollahs.
Il n’aura pas marché contre l’antisémitisme, le voici qu’il court dans tous les sens de manière insensée.
Après avoir dissout l’Assemblée, le voilà qui semble vouloir se dissoudre dans sa propre pensée. Je ne tirerai pas davantage sur l’ambulance. Surtout en temps de guerre quand Jupiter blessé est à terre.
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il a publié Journal de guerre. C’est l’Occident qu’on assassine (Fayard, 2024). Il est également président d’Avocats sans frontières.
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Gilles-William Goldnadel. JOEL SAGET / AFP
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