Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, en février 2022, une large part du monde occidental soutient Kiev, pendant que Moscou a renforcé sa coopération militaire avec l’Afrique du Sud, l’Inde, l’Iran ou la Chine. Mais à l’exception d’une poignée d’engagés volontaires, on ne retrouvait que deux nationalités sur le champ de bataille, jusqu’ici.
Une donne qui pourrait changer, à en croire les renseignements ukrainiens. Selon une source citée par la BBC, la Russie entraînerait une unité d’environ 3.000 soldats nord-coréens, un chiffre que citent également l’agence de presse RBK-Ukraïna, le Telegraph ou encore le Washington Post. Le journal Kyiv Independant, farouchement opposé à la Russie, évoque même 10.000 soldats, un chiffre qui n’a pas été vérifié formellement.
Un exercice comme un autre ?
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a formellement démenti l’information, au moment où le pacte de défense mutuelle signé en juin entre Moscou et Pyongyang passe devant la Douma pour sa ratification. « Ce ne sont pas seulement les services de renseignement britanniques, mais aussi ceux des Etats-Unis. Ils le disent tout le temps, mais ils n’apportent jamais aucune preuve », a-t-il dénoncé mardi. Pour le moment, l’article 4 du traité, qui prévoit « une assistance militaire immédiate » en cas « d’invasion » ou de « déclaration de guerre » ne s’applique pas, la Russie continuant à parler d’une « opération spéciale ».
L’armée russe a d’ailleurs déjà participé à des exercices militaires conjoints, notamment avec l’Afrique du Sud, depuis le début du conflit. Et à de nombreuses reprises avec la Biélorussie, sans que celle-ci ne participe aux combats pourtant proches.
Une intégration difficile
Une source militaire russe a admis mercredi à la BBC qu’un certain nombre de Nord-Coréens, « loin de 3.000 », étaient stationnés dans une base militaire à Ussuriysk, au nord de Vladivostok, grande ville russe proche de la frontière avec la Corée du Nord. Très loin du front donc. Toutefois, Volodymyr Zelensky l’assure : les soldats nord-coréens vont « se battre contre nous ». « Ils ont rejoint l’armée russe » dans le Donbass, a-t-il affirmé à Bruxelles.
Les renseignements ukrainiens situent, eux, le « bataillon » dans la région de Koursk, mais des militaires nord-coréens auraient été vus à Marioupol. Selon l’institut pour l’étude de la guerre (ISW), groupe de réflexion basé aux Etats-Unis, des rapports évoquent aussi un contingent nord-coréen près de Donetsk. Il pourrait toutefois s’agir d’ouvriers, selon le Daily NK, un groupe de surveillance disposant d’informateurs en Corée du Nord, destinés à participer à la reconstruction. D’autres ouvriers nord-coréens seraient envoyés dans les usines russes pour pallier le manque d’hommes.
Car si la Russie progresse lentement sur le front, elle manque cruellement de soldats. Selon les sources, la guerre en Ukraine a déjà causé entre 73.000 et 200.000 morts côté russe. Les prisons, vidées par des promesses de grâce, ne suffisent plus à remplumer les rangs. Difficile toutefois d’imaginer des soldats nord-coréens, ne parlant pas russe et qui n’ont pas l’expérience de combats récents, s’intégrer facilement à l’armée du Kremlin sur un front haché et étendu.
« Ce n’était même pas si facile avec les milliers de prisonniers russes, qui parlaient pourtant russe », souligne un analyste basé en Russie pour la BBC. Les forces nord-coréennes pourraient toutefois « garder certaines sections de la frontière russo-ukrainienne, afin de libérer des unités russes qui iraient combattre ailleurs », imagine Valeriy Ryabykh, rédacteur en chef de Defence Express. En première ligne ou non, Kiev et ses alliés vont désormais scruter les uniformes nord-coréens.
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