Niger : Niamey débaptise des rues et monuments aux noms français, dont une avenue de Gaulle

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Niamey continue de prendre des mesures symboliques à l’encontre de l’ancienne puissance coloniale avec laquelle les autorités sont en froid. La junte au pouvoir au Niger a ainsi débaptisé mardi plusieurs endroits historiques de la capitale portant jusqu’ici des noms évoquant la France.

Au pas de charge, sur fond de musique militaire, plusieurs cadres du régime militaire au pouvoir ont arpenté les artères de la ville pour inaugurer les nouveaux noms.

La junte fustige « les souffrances » de la colonisation

« La plupart de nos avenues, boulevards, rues […] portent des noms qui rappellent tout simplement les souffrances et les brimades subies par notre peuple par l’épreuve de la colonisation », a dénoncé le colonel-major Abdramane Amadou, le ministre de la Jeunesse et porte-parole du régime. « Cette avenue qui portait le nom du général Charles de Gaulle est désormais baptisée « Avenue Djibo Bakary » », a-t-il lancé, lors d’une cérémonie. Figure politique nigérienne, Djibo Bakary (1922-1998), a été un partisan de l’indépendance obtenue en 1960.

Quelques centaines de mètres plus loin, le monument dédié aux morts des deux guerres mondiales devient « Bubandey Batama » (« A nos morts » en langue djerma) et rend désormais « hommage à toutes les victimes civiles et militaires de la colonisation à nos jours ».

Le régime nigérien franchit ainsi une nouvelle étape dans la rupture avec la France, entamée depuis le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir le 26 juillet 2023. Les militaires français engagés dans la lutte antijihadiste ont été chassés, l’ambassadeur expulsé et le centre culturel franco-nigérien a cessé de fonctionner en tant qu’établissement binational et a été renommé « Moustapha Alassane », du nom d’un cinéaste nigérien. Le régime qui fait de sa souveraineté un pilier de sa politique accuse fréquemment Paris de vouloir le déstabiliser.

Un hommage à Thomas Sankara

Mardi à Niamey, un monument a même été totalement refait : le portrait du commandant et explorateur français Parfait-Louis Monteil, gravé depuis des décennies dans un monument en pierre, est remplacé par une plaque à l’effigie de Thomas Sankara. L’ex-président du Burkina Faso voisin, tué dans un coup d’Etat en 1987, est une figure du panafricanisme dont le colonel Amadou a salué mardi la « lutte de libération » et « d’émancipation des peuples » qui « continue encore d’inspirer les populations ».

Enfin, la place de la Francophonie a été renommée « place de l’Alliance des Etats du Sahel » (AES), une confédération créée en 2023 avec le Mali et le Burkina Faso, deux voisins également dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des putschs et qui ont tourné le dos à la France. Les trois pays ont été suspendus par les instances de la Francophonie après les coups d’Etat. Désormais « nous allons faire honneur à nos ancêtres », a assuré le général Assoumane Abdou Harouna, le gouverneur de Niamey et figure du régime.

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