De Kippour à Souccot: le grand basculement
Après la fête solennelle de Yom Kippour, le Grand Pardon, on bascule dans la fête de la joie, Souccot. Comment expliquer ce retournement ?
Dès la fin de Kippour, on commence la construction de la soucca, dit le Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm 624, 5). C’est dire que la transition est particulièrement rapide. D’une certaine manière, Souccot constitue la suite de Kippour.
En effet, il est question de la vulnérabilité de la destinée humaine à Kippour tant dans les textes de la liturgie de ce jour que par le jeûne et la fatigue qui en découle.
Or, l’idée de l’éphémère se situe au cœur de Souccot puisque la soucca dans laquelle nous habitons, sept jours durant, est bien désignée, dans le Talmud, par l’expression « demeure provisoire ».
Son toit composé de végétaux laissant passer le froid est une mise en gestes des paroles de la prière de Kippour.
Ce rapprochement est aussi suggéré par la lecture de L’Ecclésiaste à l’occasion du chabbat ‘hol hamoed de Souccot, texte introduit par les mots ; « Vanité des vanités, tout est vanité ».
Ajoutons que si Kippour est jour de jugement, Souccot aussi possède une dimension de justice puisque la Michna de Roch Hachana (1, 2) rappelle que le jugement de la fête de Souccot porte sur la pluie.
C’est pourquoi on offrait des libations d’eau sur l’autel du Temple de Jérusalem. Et c’est la raison pour laquelle on prie D.ieu d’offrir au monde des pluies de bénédictions notamment à Hochana Rabba.
Kippour et Souccot sont aussi complémentaires dans le sens où chacune de ces célébrations met en exergue un sentiment bien précis.
A Kippour, le sentiment de crainte habite le cœur de l’individu. Roch Hachana et Kippour sont bien appelés « les Jours redoutables ».
A Souccot, la joie et l’amour de D.ieu pénètrent dans l’esprit (la fête est désignée par la formule « le temps de notre joie »). Ainsi, dans un laps de temps relativement court, le cadre festif permet de développer les sentiments de crainte et d’amour vis-à-vis du Créateur, tous deux répondant à des injonctions bibliques.
On explique que la crainte et l’amour qui accompagnent par exemple l’accomplissement des commandements de la Torah sont telles les deux ailes de l’oiseau qui ne peut s’envoler si une lui manque.
La problématique du corps rattache également les deux solennités.
Si à Kippour, la Torah ordonne de ne pas fournir au corps ce dont il a généralement besoin comme l’eau et la nourriture, Souccot réintègre le corps dans le service divin puisque l’injonction de Souccot consiste essentiellement à manger dans la soucca.
Et si durant Kippour, le corps était en retrait, à Souccot, il se met en mouvement. Les quatre espèces qui composent le bouquet de Souccot correspondent bien à quatre organes éminemment importants : le cœur, la colonne vertébrale, les yeux et la bouche.
A partir de Souccot, le juif sert son D.ieu avant l’ensemble des éléments qui le composent. Ce processus conduit à l’apothéose de ce mouvement avec Sim’hat Torah où le corps se met à danser, les pieds à s’élever.
Enfin, c’est le souffle de l’automne qui enveloppe nos deux célébrations. En automne, le vent souffle, les feuilles des arbres tombent et ces derniers se retrouvent dénudés.
A l’instar de l’âme qui s’exprime à Kippour et Souccot comme jamais elle ne s’exprime, dégagée des contingences matérielles, heureuse de pouvoir surgir avant que ne survienne l’hiver.
JForum.fr avec le Rabbin Jacky Milewski
LES QUATRE ESPÈCES ARBAÂTH ‘HAMINIM ארבעת המינים
Au cours de la fête de Souccot, il est une prescription qui va caractériser cette époque autant que la cabane de roseaux elle-même.
La soucca, demeure si légère et occasionnelle, que le moindre souffle de vent peut mettre en péril, fait penser à la fragilité de l’existence. Cette cabane nous a abrités pendant les 40 années d’errance dans le désert.
La double symbolique est donc le fait que notre destin est aussi frêle qu’un roseau et la seconde symbolique est de se souvenir de la sortie d’Egypte.
Souccoth met l’homme en rapport avec la nature de manière très directe d’abord parce que dans la cabane l’homme se retrouve directement sous les ailes de la shekhina et donc sous la protection divine et comme nous le verrons ci-dessous, le bouquet des quatre espèces rappelle à chaque instant le lien puissant qui relie la créature humaine à la création.
Dans le Lévitique, au chapitre XXIII le verset 40 énonce : « vous prendrez(…) un fruit de l’arbre ‘hadar (cédrat ou etrog en hébreu), une branche de palmier (loulav), des rameaux de l’arbre aboth (myrte ou ‘hadass) et des saules de rivière (ârava).
Les rameaux se doivent d’être attachés ensemble selon un ordre particulier : il faut une branche de palmier, trois branches de myrte et deux branches de saule.
COMMENT CHOISIR LES DIFFÉRENTS ÉLÉMENTS DES QUATRE ESPÈCES ?
Aujourd’hui, de plus en plus, on vend des ensembles de 4 espèces munis d’un certificat d’origine et de casherout ce qui évite de mesurer les plantes pour savoir si elles correspondent à la ‘halakha.
De toute façon voici un abrégé des critères selon lesquels choisir un beau bouquet de « 4 minim ».
ETROG : Mesure : il doit être plus gros qu’un œuf. Couleur et aspect : il ne doit pas être ni noir ni brun ce qui le rend « passoul » (non valable). Il peut être verdâtre, en tout ou partie et il est préférable qu’il soit bien jaune, cependant, selon les années, il se peut qu’il soit vert si les fêtes tombent tôt en septembre.Si l’étrog n’est pas d’une catégorie où le « pitoum » est rentré il faut manipuler le fruit avec précaution pour que le pitoum ne se casse pas. Il y a aussi les étroguim yéménites sans pitoum mais d’une très grande taille.
La peau du fruit peut-être granuleuse sans rien ôter de ses qualités pour la prière.
Lorsqu’un cédratier n’est pas greffé il peut y avoir sur le corps de l’étrog une très fine marque légèrement nacrée sans aucune incidence sur la validité du cédrat.
Après usage, il est conseillé de conserver l’étrog dans une boîte où il sera à l’abri.
LOULAV : Il s’agit d’une branche de palmier d’au minimum 40 cms de long.
La branche doit être le plus droit possible, le plus vert possible et, si possible, les feuilles ne doivent pas se détacher.
C’est la raison pour laquelle dans certaines communautés, les fidèles garnissent leur loulav soit au moyen de fils satinés ou soyeux de couleur en les croisant pour éviter, qu’en agitant le bouquet comme il le faut au cours de la cérémonie du loulav, les feuilles ne se séparent trop les unes des autres ; de même, souvent l’extrémité du loulav est protégée par un peu de coton.
HADASS : myrte. Les trois branches de myrte doivent être si possible de la variété de Safed (Tsfat) avec des feuilles qui se recouvrent en partie les unes les autres et recouvrent le tige. Les feuilles doivent être en bon état, il ne doit pas y avoir trop de baies. La dimension minimum est de 30 cms. Il faut veiller à ne pas laisser sécher les feuilles, sinon les branches (et les feuilles) seront inutilisables pour la fête.
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