LIGUE DES NATIONS | LIGUE A : POURQUOI ISRAËL-FRANCE AURA LIEU EN HONGRIE
Raphaël Brosse
Jeudi soir (20h45), l’équipe de France affrontera Israël à Budapest. Depuis le déclenchement de la guerre avec le Hamas, il y a tout juste un an, la sélection de l’État hébreu ne peut évidemment plus accueillir de rencontres sportives sur son sol. C’est en Hongrie qu’elle « reçoit » désormais ses adversaires. Pour des raisons d’ordre politique, mais pas seulement.
Cela fait maintenant plus d’un an que ça dure. Le 7 octobre 2023, le Hamas lançait en Israël plusieurs attaques coordonnées, faisant environ 1 200 morts. Il n’en fallait pas plus pour que le Proche-Orient, région déjà hautement inflammable, ne s’embrase à nouveau. La tension n’est toujours pas retombée, loin de là, en témoignent les frappes israéliennes ayant récemment touché le Liban. Pour des raisons de sécurité évidentes, l’équipe nationale d’Israël est contrainte de disputer ses rencontres « à domicile » loin de ses terres. Le match face à la France, prévu ce jeudi (20h45) dans le cadre de la Ligue des nations, se tiendra donc à Budapest. Tout sauf un hasard.
Il faut tout d’abord avoir en tête que la Hongrie est souvent une destination privilégiée pour les clubs et sélections en exil. Depuis 2020, elle a ainsi accueilli une quarantaine de confrontations internationales devant être organisées sur terrain neutre. Sa localisation, en plein cœur de l’Europe, est un atout indéniable, au même titre que ses infrastructures modernes. De nombreux stades ont en effet été construits en Hongrie ces dernières années, dont la rutilante Bozsik Aréna, que les Bleus s’apprêtent à découvrir.
ORBAN-NETANYAHU, RELATIONS PRIVILÉGIÉES
Concernant Israël, qui a posé ses valises sur le sol magyar dès fin 2023 pour y terminer les éliminatoires de l’Euro 2024, la situation est un peu différente puisqu’elle revêt une dimension politique forte. Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, et Benjamin Netanyahu, son homologue israélien, entretiennent en effet des relations très étroites depuis plusieurs années. En 2017, à l’occasion de la première visite du dirigeant de l’État hébreu en Hongrie, Orban avait d’ailleurs reconnu le « péché » commis par son pays qui, allié de l’Allemagne nazie, avait activement contribué à la politique d’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Au lieu de protéger la communauté juive, nous avions choisi la collaboration avec les nazis. Cela ne peut plus jamais arriver », avait affirmé le chef du gouvernement hongrois, qui revendique un engagement sincère contre l’antisémitisme et est désormais considéré comme un « vrai ami d’Israël » par Netanyahu. Les deux premiers matches accueillis par les Bleu et Blanc en Hongrie, face à la Suisse et la Roumanie, ont d’ailleurs eu lieu à Felcsut, village d’enfance d’Orban, qui y a fait construire un stade – la Pancho Aréna – à l’architecture unique. Et dont la capacité (4 500 places) est bien supérieure au nombre d’habitants (1 700).
TANT QUE NOUS NE POURRONS PAS JOUER CHEZ NOUS, LA HONGRIE SERA UNE BONNE ALTERNATIVE
Depuis, les hommes de Ran Ben Shimon ont foulé d’autres pelouses, notamment celle du Nagyerdei Stadion de Debrecen, le 6 septembre. Ce jour-là, c’était même la Belgique qui « recevait » Israël, les autorités belges n’ayant pas souhaité accueillir une telle rencontre par crainte d’éventuels débordements. De quoi servir un autre objectif du pouvoir hongrois : utiliser le sport comme un instrument de « soft power ». Autrement dit, s’en servir pour valoriser l’image du pays et, surtout, pour peser sur la scène internationale.
Kevin De Bruyne (Belgique) célèbre son but inscrit face à Israël, le 6 septembre 2024. / Ligue des nations Crédit: Getty Images
Fan sincère de football, qu’il a pratiqué à un niveau quasi-professionnel avant de se consacrer intégralement à la politique, Viktor Orban a farouchement défendu un programme de construction et de rénovation de stades à travers tout le territoire. Et c’est grâce à la Puskas Aréna, superbe écrin de 68 000 places, que la Hongrie a été le théâtre de certains matches de l’Euro 2020. L’État d’Europe centrale va même jusqu’à financer des clubs situés au-delà de ses frontières, en Transylvanie roumaine ou en Voïvodine serbe, des régions où vivent une importante communauté magyare et qui lui ont été retirées après le traité de Trianon (1920). On touche ici à des motivations nationalistes.
Entre relations privilégiées et volonté de se servir du ballon rond comme d’un outil diplomatique, on comprend mieux pourquoi la Hongrie est la terre d’accueil choisie par Israël. « Nous avons une très bonne combinaison de relations personnelles et de pur amour du sport et du football avec le gouvernement hongrois », s’était félicité auprès d’AP Yacos Hadas-Handelsman, ambassadeur d’Israël en à Budapest. Avant d’ajouter : « Rien ne peut remplacer notre foyer, mais étant donné les circonstances, tant que nous ne pourrons pas jouer chez nous, la Hongrie sera une bonne alternative. »
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