L’économie israélienne résiste au chaos. La hausse des coûts d’emprunt met à rude épreuve l’infrastructure financière du pays.

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Depuis un an, l’économie israélienne résiste au chaos engendré par une guerre qui menace de se transformer en conflit régional, mais la hausse des coûts d’emprunt commence à mettre à rude épreuve son infrastructure financière.

Le coût direct du financement de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza a atteint 100 milliards de shekels en août, selon le ministère des Finances. La Banque d’Israël estime que le total pourrait atteindre 250 milliards de shekels d’ici à la fin de 2025. Cette estimation a toutefois été faite avant le début de l’offensive terrestre au Liban contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran, ce qui ne manquera pas d’alourdir la facture.

Cette situation a conduit à la dégradation des notations de crédit, amplifiant les répercussions économiques qui pourraient se faire sentir pendant des années, à un moment où le coût de l’assurance de la dette israélienne contre le défaut de paiement est proche de son niveau le plus élevé depuis 12 ans et où le déficit budgétaire explose.

« Tant que la guerre se poursuivra, les indicateurs de la dette souveraine continueront à se détériorer », a indiqué Sergey Dergachev, gestionnaire de portefeuille chez Union Investment.

Bien que le ratio dette/PIB d’Israël, un indicateur clé de la santé économique, se soit établi à 62 % l’année dernière, les besoins d’emprunt ont augmenté de manière significative.

« Même si Israël dispose d’une base relativement bonne, la situation restera douloureuse sur le plan fiscal », a affirmé Dergachev, qui ajoute « qu’au fil du temps, cela exercera une pression sur la notation ».

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a assuré que l’économie était solide et que les notes de crédit du pays ne manqueraient pas de rebondir une fois la guerre terminée.

Lundi marquait le premier anniversaire du pogrom du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, au cours duquel des terroristes du Hamas ont assassiné plus de 1 200 personnes et pris 251 otages dans la bande de Gaza. Le 8 octobre, le Hezbollah, basé au Liban, a commencé à tirer des missiles et des drones sur le nord d’Israël, affirmant qu’il agissait en soutien à Gaza dans sa guerre contre Israël, qui y combattait le Hamas. Les combats dans le nord se sont intensifiés au fil des mois, atteignant leur paroxysme le mois dernier lorsqu’Israël a lancé une offensive majeure contre le groupe terroriste, tuant presque tous ses dirigeants et lançant une opération terrestre dans le sud du Liban.

Le coût de la guerre est élevé en raison des défenses aériennes du Dôme de fer, de la mobilisation massive des troupes et des campagnes de bombardement intensives. Cette année, le ratio dette/PIB a atteint 67 %, tandis que le déficit s’élève à 8,3 % du PIB, soit bien plus que les 6,6 % prévus précédemment.

S’il est peu probable que les principaux acheteurs d’obligations internationales israéliennes – fonds de pension ou grands gestionnaires d’actifs attirés par la notation relativement élevée de la dette souveraine – se débarrassent de ces actifs à court terme, la base d’investisseurs s’est rétrécie.

En privé, les investisseurs expriment de plus en plus leur désir de se débarrasser des obligations israéliennes, ou de ne pas les acheter, en raison de leurs préoccupations concernant les implications ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) de la manière dont la guerre est menée. Les critères ESG sont utilisés par les investisseurs pour sélectionner les entreprises socialement responsables avant de décider où placer leur argent.

La Norges Bank a vendu une petite partie de ses obligations d’État israéliennes en 2023 « en raison de l’incertitude croissante sur le marché », a déclaré un porte-parole du fonds souverain norvégien.

Des pompiers s’efforcent d’éteindre un incendie après qu’une roquette tirée par le Hezbollah depuis le Liban a touché un bâtiment de stockage de la municipalité locale à Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, le 24 septembre 2024. (Crédit : AP Photo/Leo Correa)

Trang Nguyen, responsable mondial de la stratégie de crédit des marchés émergents chez BNP Paribas, a souligné que les obligations israéliennes se négociaient à des écarts beaucoup plus importants que les pays bénéficiant d’une notation similaire, ce qui reflète ces inquiétudes.

Interrogé sur la hausse des coûts d’emprunt et les préoccupations ESG des investisseurs, le ministère des Finances a déclaré que les finances publiques avaient été ‘gérées efficacement’ depuis le début de la guerre.

« Le marché intérieur robuste d’Israël reflète une forte demande, et les investisseurs internationaux restent conscients de notre solvabilité », a ajouté le ministère.

Alors que le marché obligataire national est vaste, liquide et en croissance, les investisseurs étrangers se sont retirés.

Les données de la banque centrale montrent que la part détenue par les non-résidents est tombée à 8,4 %, soit 55,5 milliards de shekels, en juillet, contre 14,4 %, soit près de 80 milliards de shekels, en septembre de l’année dernière. Au cours de la même période, le montant des obligations en circulation a augmenté de plus d’un cinquième.

« Les institutions israéliennes ont acheté davantage ces derniers mois et je suppose que certains investisseurs mondiaux ont vendu des obligations en raison de la géopolitique et de l’incertitude », a déclaré un fonctionnaire du ministère des Finances, qui a préféré garder l’anonymat.

Une étable du Moshav Beit Shearim dans le nord d’Israël après une roquette du Hezbollah qui a tué quinze vaches laitières et en a grièvement blessé trois autres, le 23 septembre 2024. (Crédit : Police israélienne)

Les investisseurs en bourse ont également réduit leurs investissements. Selon les données de Copley Fund Research, la baisse des avoirs des investisseurs internationaux dans les fonds israéliens, déjà observée en mai 2023 en réponse au plan controversé de refonte du système judiciaire, s’est accélérée après le pogrom du Hamas du 7 octobre.

La part des fonds internationaux dans les titres israéliens est désormais à son plus bas niveau depuis dix ans.

Les investissements directs étrangers en Israël ont chuté de 29 % en glissement annuel en 2023, selon la CNUCED, soit le niveau le plus bas depuis 2016. Bien que les chiffres pour 2024 ne soient pas encore disponibles, les agences de notation ont souligné l’impact imprévisible de la guerre sur ces investissements comme une source d’inquiétude.

Tout cela a amplifié le besoin d’investissements locaux et de soutien de la part du gouvernement.

En avril, le gouvernement a promis 160 millions de dollars pour stimuler le financement par capital-risque du secteur crucial de la technologie, qui représente environ 20 % de l’économie.

Cette somme s’ajoute à d’autres coûts, tels que l’hébergement de milliers de personnes déplacées par les combats, dont un grand nombre dans des hôtels laissés vides en raison de la forte baisse du nombre de touristes.

Le premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances Bezalel Smotrich lors d’une réunion du cabinet convoquée pour approuver le budget modifié de l’État pour 2024, le 15 janvier 2024. (Crédit : Haim Zach / GPO)

Les déplacements, les pénuries de main-d’œuvre dues à la mobilisation des réservistes et l’exclusion des travailleurs palestiniens entravent les secteurs de l’agriculture et de la construction.

Ce dernier a été l’un des principaux facteurs du ralentissement de la croissance économique, qui a chuté de plus de 20 % au quatrième trimestre de l’année dernière et n’a pas encore repris. Selon les calculs de Goldman Sachs, le PIB corrigé des variations saisonnières est resté inférieur de 1,5 % à son niveau d’avant l’attaque au cours des trois mois précédant la fin du mois de juin.

Jusqu’à présent, Israël n’a eu que peu de difficultés à lever des fonds. Il a vendu pour quelque 8 milliards de dollars de dette sur les marchés internationaux des capitaux cette année. Son véhicule d’obligations de la diaspora, Israel Bonds, vise un deuxième record annuel de plus de 2,7 milliards de dollars.

Mais la hausse des coûts d’emprunt, associée à l’augmentation des dépenses et à la pression économique, constitue une menace.

« Israël dispose d’une certaine marge de manœuvre, étant donné la taille de la base d’investisseurs nationaux qui peut continuer à financer un autre déficit important », a déclaré Roger Mark, analyste de l’équipe Fixed Income chez Ninety One.

« Mais les investisseurs locaux n’en attendent pas moins des signes d’efforts de consolidation de la part du gouvernement. »

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