Stars, politiques, artistes… la scène du Dôme de Paris a accueilli ce lundi soir la cérémonie d’hommage aux victimes du 7 octobre 2023 et de soutien aux otages du Hamas. Dans le public, des drapeaux israéliens, des pancartes « Collectif nous vivrons » et des chants revendicatifs donnent une touche politique à la soirée. Surtout quand le premier ministre monte sur scène pour prononcer un discours qualifié de « correct », par Lou, 21 ans, qui est venue avec sa mère. Michel Barnier a d’abord appelé à la libération de tous les otages, puis à faire entrer l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Des sifflets minoritaires s’élèvent alors dans la salle, couverts par des injonctions au silence.
Aux noms de François Hollande, présent dans la salle, et d’Emmanuel Macron, les huées des gradins couvrent les tambours de la pluie battante. A l’inverse, ceux de Nicolas Sarkozy, Manuel Valls ou Yaël Braun-Pivet, déclenchent des tonnerres d’applaudissements. Le président de la République ne s’est pas rendu populaire auprès de la communauté juive de France en appelant, la veille, à arrêter de vendre des armes à Israël. « Le droit de vivre pour Israël, c’est le droit de se défendre », rétorque Yonathan Arfi, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), sur scène. Dans ce discours, il a également repris sa charge contre LFI qu’il a renvoyé au « camp du déshonneur », alors que la salle huait copieusement le mouvement de Jean-Luc Mélenchon.
Des émotions très fortes
Emotion et politique allaient donc de pair ce lundi soir, passant d’une prière pour la République du grand rabbin de France, au défilé des SMS échangés entre les victimes et leurs parents lors de l’attaque du festival Nova. Laure, 42 ans, est montée sur scène avec d’autres personnes pour tenir les portraits des victimes françaises de l’attaque (dont le bilan a été revu à la hausse de 43 à 48). Un « moment très fort, très émouvant », « les yeux dans les yeux avec les familles d’otages ».
Des textes écrits pas des survivants, des proches de victimes ou d’anciens otages sont lus et incarnés par Sandrine Kiberlain, Joann Sfar, Charlotte Gainsbourg ou encore Yvan Attal. Des discours « poignants, très forts », « ça faisait du bien de les entendre », confie Lou.
Sophia Aram est ovationnée quand elle appelle à « regarder en face la barbarie islamiste », Bernard-Henri Lévy sur la difficulté de faire un deuil « empêché, interdit, impossible », et Laurence Ferrari quand elle énumère des actes antisémites enregistrés en France cette année.
Un « moment de fraternité »
Pour Lou, c’était « important » de venir à la cérémonie, « parce que ça fait vraiment un an qu’on ressent un silence intense, le fait qu’on puisse se réunir dans ce moment de fraternité ça fait du bien, on se sent beaucoup moins seuls ». « Ça fait 365 jours qu’on vit avec un pogrom, un traumatisme, un espoir, et on ne se voyait pas faire autre chose aujourd’hui. C’était important aussi pour moi que mes filles soient présentes, qu’elles entendent les témoignages des familles, qu’elles ressentent tout ce que ces familles vivent depuis un an », explique Laure, 42 ans, venue accompagnée de Romane 15 ans et Elsa 13 ans.
Notre dossier sur le conflit entre Israël et le Hamas
Amir a repris un morceau en hébreu entraînant le Dôme de Paris avec lui, alors que Patrick Bruel, qui confie avoir « tous les jours depuis un an des envies de brûler le journal Le Monde », délivre un titre inédit écrit la veille en hommage à « toutes ces chaises vides », laissées dans les familles meurtries par les attentats du Hamas qui ont fait 1.200 morts.
La soirée s’éteint sur une Marseillaise reprise par la salle entière, bien que vidée de quelques spectateurs partis en avance, avant que les lumières ne se rallument pour mettre fin à cette cérémonie « très émouvante, très belle » qui a permis à Romane, 15 ans, de « prendre conscience de leur histoire ».
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