Développé dans les années 2000 et largement amélioré après des débuts difficiles en 2011, le système israélien de défense contre les roquettes et les obus, le Dôme de fer, revendique une efficacité de 95 % pour protéger les zones habitées des engins à courte et moyenne portée (jusqu’à 70 km).
Lorsque le radar détecte une roquette ou un obus, il vérifie que la trajectoire menace une zone habitée puis ordonne à une batterie de lancer l’un de ses vingt missiles intercepteurs. Très manœuvrables, ces derniers peuvent se placer précisément sur le chemin du projectile à détruire, faisant parfois des virages serrés dans le ciel. Une prouesse technologique qui a permis à Israël de ne pas voir son opinion publique trop malmenée par les campagnes de tir du Hamas… jusqu’à présent. Le Dôme de fer serait même capable d’intercepter des drones armés, si toutefois le Hamas décidait d’y recourir massivement.
L’intercepteur 100 fois plus cher que la roquette/
Difficile à saturer, agile et fiable, ce système développé conjointement par les sociétés Rafael (Israël) et Raytheon (États-Unis) semble désormais mature. Mais il cache une vulnérabilité : son coût. L’horreur de la guerre rend les décomptes financiers bien amers, mais ils n’en sont pas moins importants pour l’avenir du conflit. Si le Hamas continue de tirer ses roquettes par centaines, ce n’est pas seulement dans l’espoir que quelques-unes franchissent les défenses. C’est aussi parce que, pour chaque roquette interceptée, Israël dépense des dizaines de milliers de dollars.
Outre les coûts de développement du Dôme de fer (un chiffre gardé secret par Israël, mais la seule contribution américaine s’élève déjà à 205 millions de dollars), Israël doit supporter le coût des munitions. Un missile intercepteur Tamir coûte environ 50 000 dollars contre quelques centaines de dollars pour une roquette « faite maison » par le Hamas, à partir d’engrais agricoles, notamment. Ainsi, les 10 et 11 mai, lorsque 480 roquettes ont été tirées et 200 ont été interceptées, le Hamas a investi environ 250 000 dollars dans son attaque, alors qu’Israël a tiré plus de 10 millions de dollars de missiles intercepteurs.
Usure financière.
Cette guerre asymétrique, où des projectiles bon marché et faciles à fabriquer sont interceptés par des armes high-tech très coûteuses, pourrait s’apparenter à une guerre d’usure. En tirant des roquettes, le Hamas s’assure que l’investissement est important des deux côtés, même s’il a infiniment moins de ressources que Tsahal. Certes, Israël investit massivement pour protéger ses populations, mais chaque roquette interceptée est une piqûre dans les finances de l’État hébreu. En additionnant à long terme les coûts pharaoniques de développement et d’amélioration permanente du système, au prix des munitions, les milliards vont s’envoler.
Les industriels américains travaillent sur un système d’interception par rayon laser, dérivé d’un projet abandonné par les Israéliens au début des années 2000. Le nouveau prototype de Northrop Grumman aurait fait ses preuves lors de tests réalisés depuis 2018, et chaque tir ne coûterait que 1 000 dollars. Mais le gouvernement israélien n’a pas encore lancé la procédure d’acquisition : il ne sera donc pas déployé avant 2023, s’il l’est un jour.
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