France Médias Monde : des antisémites y ont librement la parole

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Malgré des sanctions antérieures pour prises de position militantes, certains de leurs journalistes continuent à manquer d’impartialité et laissent transparaître leurs opinions personnelles concernant le conflit au Moyen-Orient, selon des sources internes de France Médias Monde.

En mars 2023, France 24 avait adressé un « rappel à l’ordre » à trois de ses journalistes arabophones, Laila Odeh, correspondante à Jérusalem, Dina Abi Saab, correspondante à Genève, et Sharif Bibi, pour des messages hostiles à Israël après une enquête menée par l’organisation non gouvernementale Camera (Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America and Analysis, soit le « comité pour l’exactitude des rapports sur le Moyen-Orient en Amérique »).

La chaîne publique française avait également mis fin à sa collaboration avec une journaliste freelance arabophone au Liban, Joëlle Maroun, accusée d’avoir publié par le passé des messages antisémites sur les réseaux sociaux. Depuis cet audit, la direction de France Médias Monde, regroupant la chaîne d’information en continu France 24, la radio RFI et la radio en langue arabe Monte Carlo Doualiya, avait promis « un travail commun entrepris par la direction et les sociétés de journalistes pour approfondir les principes de la charte encadrant l’usage des comptes personnels des collaborateurs sur les réseaux sociaux ».

Le JDD a voulu vérifier que France Médias Monde avait véritablement pris des mesures contre les salariés ayant des comportements problématiques, comme cela avait été promis il y a un an. Il convient de rappeler que le groupe France Médias Monde est financé, essentiellement, par le contribuable. À ce jour, certains collaborateurs de France 24 confirment à notre journal que les opinions militantes, pro-palestiniennes, parfois inexactes et frôlant l’antisémitisme de certains journalistes demeurent présentes au sein du groupe, et ce malgré l’avertissement de la chaîne.

L’ensemble des Israéliens associés à « des colons »

En poste à Paris, Walid A. est le rédacteur en chef du site internet de la radio Monte Carlo Doualiya appartenant au groupe France Médias Monde. Depuis les attaques du Hamas le 7 octobre, il a été particulièrement actif sur les réseaux sociaux, postant des opinions virulentes contre Israël sur son compte personnel, ainsi que sur la page Facebook de la radio MC-Doualiya, que le journaliste gère lui-même selon nos informations.

Par exemple, lorsque sur Facebook, un journaliste égyptien se demande « En cas de libération de la Palestine, où iraient les Israéliens une fois la Palestine libérée ? », Walid A. suggère dans les commentaires : « les Émirats » et aime des commentaires mentionnant « en enfer »« en Amérique »« en France »« on s’en fiche », suggérant ainsi l’expulsion massive de tous les Israéliens de l’État hébreu. Il a aussi reposté une vidéo d’Al Jazeera dans laquelle Nasser Abu Hmaid, condamné pour le meurtre de six civils israéliens et d’un officier de police, est qualifié de « martyr », republié une vidéo de Ghassan Kanafani du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), soutenant la lutte armée contre Israël, et diffusé la vidéo d’une journaliste proclamant qu’« Israël se livre à un génocide » datant du 26 octobre dernier ainsi qu’« Israël terrorise les médias ».

Mais Walid A. va plus loin. Dans certains de ses posts, il affirme que les Israéliens sont intrinsèquement « des colons ». Il relaie également une publication affirmant que ceux qui contrôlent aujourd’hui les médias et le peuple reproduisent le « Protocoles des Sages de Sion » (œuvre de fiction antisémite, écrite avec l’intention d’accuser les Juifs de toutes sortes d’intentions malveillantes), et ajoute un commentaire : « Très important ». Dans le cadre d’un débat qu’il initie sur les réseaux sociaux au sujet de la « couverture truquée des médias occidentaux », il déclare : « Je suis le rédacteur en chef […] Je vous conseille de jeter un coup d’œil sur le site et vous découvrirez » que le site internet de MC-Doualiya couvre « correctement » le conflit à Gaza, selon lui.

Laila Odeh persiste

Le cas de Walid A. n’est qu’un exemple parmi d’autres qui inquiète les journalistes de France Médias Monde. Comme mentionné en introduction, en mars 2023, France 24 a émis un « rappel à l’ordre » à l’encontre de la correspondante de la chaîne arabophone de France 24 à Jérusalem, Laila Odeh. Elle était accusée d’avoir qualifié de « martyr » le meurtrier d’Elie Kay, jeune homme de 26 ans, tué dans un attentat en 2021, ainsi que l’auteur d’une attaque à Tel Aviv en 2022 qui a tué trois civils. Ses publications glorifiant régulièrement les « martyrs » impliqués dans des actes de violence contre des civils israéliens ont suscité une vive controverse.

En outre, dans un post Facebook furtivement supprimé en 2013, Laila Odeh avait accusé Israël d’être devenu « une version d’Hitler ». En conséquence, la direction de France 24 lui a demandé de signer la charte éthique de l’entreprise, qui exige que les journalistes rejettent toute « incitation au crime, à la violence, à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, à la misogynie, à l’homophobie, à la xénophobie et à toutes les formes de discrimination, d’intolérance et de stigmatisation ». Par ailleurs, elle aurait suivi un programme de formation dispensé par sa hiérarchie.

Par la suite, Laila Odeh a repris ses fonctions. Toutefois, elle persiste à rapporter des propos subjectifs. À titre d’exemples, moins de trois semaines après avoir suivi cette formation, elle tweete sur « l’ascension » de l’un des meurtriers impliqués dans l’attentat de juin 2023 dans la ville israélienne Eli, qui a coûté la vie à quatre civils israéliens. Après le 7 octobre, elle qualifie à plusieurs reprises les communautés juives situées à l’intérieur des frontières internationalement reconnues d’Israël de « colonies ». Le 14 octobre dernier, elle partage un tweet citant un porte-parole du Hamas qui prétend à tort que l’organisation a « bombardé l’aéroport Ben Gourion », relayant les informations erronées des terroristes sans même les vérifier. Quelques jours plus tard, Laila Odeh informe les téléspectateurs que le meurtrier d’un enfant musulman poignardé à Chicago, lors d’une attaque liée au conflit Israël-Hamas, était un « Israélien » et un « juif ». En réalité, le tueur n’était ni Israélien ni juif, et cette information était largement connue plus de 48 heures avant son passage à l’antenne.

Enfin, le nom d’une autre journaliste est avancé auprès du JDD par des sources au sein de France Médias Monde. Fatma B., journaliste pour Les Observateurs de France 24 (qui aborde l’actualité internationale au travers des témoignages), semble davantage militer pour la cause palestinienne plutôt que de se contenter d’être une simple « observatrice ». Sur sa photo de couverture X (ex-Twitter), il est écrit : « La Palestine est ma cause » en arabe. En mai dernier, Fatma B. a couvert une histoire sur une famille gazaouie pour France 24. Plus tard, elle a pris la parole sur les réseaux sociaux pour dire ce qu’elle ne pouvait pas dire à l’antenne, à savoir que cette famille « survit à un génocide ». Elle a également mené une campagne de collecte de fonds pour cette famille : ce qui, à ce stade, n’a rien de répréhensible. Cependant, elle utilise ensuite son propre reportage diffusé sur France 24 et l’histoire de sa collecte de fonds pour renforcer les accusations de « génocide », des allégations que France 24 n’aurait a priori jamais permis de diffuser. « 3 jours et à peine 300€ récoltés, Come on people ! Les 20€ que vous aurez mis dans un Uber Eats ce soir iront mieux à une famille gazaouie qui essaie de survivre à un GÉNOCIDE », peut-on lire sur son post X.

En mars dernier, un jeune français juif, Samuel, avait été la cible de harcèlement après que le député LFI Thomas Portes a porté de fausses accusations contre lui. De nombreux internautes avaient partagé ses informations personnelles et l’adresse de sa famille, entraînant une vague de menaces de mort. Fatma B. avait alors soutenu et salué ces divulgations tout comme Yasmina Bennani, journaliste phare d’AJ+, le média en ligne qatari appartenant au groupe Al Jazeera.

« Ce genre de propos salissent l’image de l’ensemble des journalistes de France Médias Monde »

Plus tard, elle commentera un post de l’Élysée sur Twitter à l’occasion des 80 ans du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) : « Marre de payer pour ça et un génocide avec nos impôts », faisant l’amalgame entre une organisation juive et « un génocide à Gaza ». Convoquée par la direction, elle a depuis effacé sa publication. Sur Twitter elle ne se présente plus comme journaliste à France 24. Pourtant, elle collabore toujours avec la chaîne et elle traite quasi-exclusivement du conflit israélo-palestinien.

Un salarié de la chaîne confie anonymement à notre journal : « Ce genre de propos salissent l’image de l’ensemble des journalistes de France Médias Monde et nous donnent une réputation qui ne correspond pas au sérieux de nos chaînes. Ces journalistes ne devraient plus travailler pour nous ».

Contactée, Marie-Christine Saragosse, présidente-directrice générale de France Médias Monde, suggère par l’intermédiaire de son directeur de la communication qu’elle s’est déjà exprimée à de nombreuses reprises sur le sujet, lequel a été selon elle « instrumentalisé ». La direction du groupe affirme ne pas croire que leurs antennes soient un vecteur de prises de position pro-palestiniennes et informent le JDD qu’ils « aviseront » après la publication de l’article. En outre, les journalistes collaborant à France Médias Monde évoqués dans cet article n’ont pour le moment pas répondu à nos sollicitations.

Le JDD

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