Jeux paralympiques 2024 : L’émotion contagieuse des Bleus du cécifoot, nouveaux rois de la Tour Eiffel

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Au Stade Tour Eiffel,

Il se passe quelque chose avec ces gars-là. Les Bleus du cécifoot se sont qualifiés ce jeudi pour la finale du tournoi paralympique, dans une ambiance encore grandiose qui les galvanise autant qu’elle les surprend. Il n’y avait qu’à écouter Martin Baron en parler quelques minutes avec cette victoire aux forceps face à la Colombie (1-0) pour comprendre à quel point ce qu’ils vivent est unique et les pousse à se donner corps et âme pour prolonger ce moment jusqu’au bout du bout.

« On ne pouvait pas rêver mieux »

« Le public nous apporte ce truc supplémentaire, cette énergie, cette folie, ce truc qu’on ne connaît pas. C’est bête à dire, mais aucun d’entre nous n’avait connu ça avant, tout simplement. » Les Français sont davantage habitués à jouer devant une cinquantaine de spectateurs, et lors des grandes compétitions, ça peut monter jusqu’à un ou deux milliers. Mais près de 12.000 personnes qui hurlent à chaque moment où c’est possible, dans cette discipline où le respect du silence est évidemment fondamental, ça n’avait jamais été fait.

« C’est complètement dingue. C’est un sentiment énorme, même en termes d’acoustique. Je ne sais même pas comment l’expliquer, reprend le numéro 6, qui avait marqué au match précédent face à la Turquie pour entériner la qualif’ des Bleus. On a vraiment l’impression d’être au milieu d’une arène et que le public est là pour voir un spectacle, qu’il est complètement concerné. Ça se sent à toutes les secondes. Il n’y a pas de temps mort. Ils font le silence à la seconde où il faut faire le silence. Honnêtement, on ne pouvait pas rêver mieux. »

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Les supporters apprécieront l’hommage. Mais si ça pousse si fort, c’est aussi que cette équipe donne envie de partir à la guerre avec. Les joueurs perçoivent comme un honneur le fait de pouvoir évoluer au pied de la Tour Eiffel, « un monument que tout le monde connaît partout dans le monde », et on peut dire qu’ils sont à la hauteur. Dans cette demi-finale tendue, hachée, équilibrée, ils ont livré un vrai combat pour finalement faire plier les Colombiens à 4 minutes de la fin. Grâce à qui ? Evidemment Fred « The Answer » Villeroux, comme l’a si bien surnommé un collègue.

Villeroux l’extraterrestre

Le numéro 10 et capitaine des Bleus est le phare de cette équipe, qu’il porte depuis vingt ans maintenant. Il a tout connu, les quelques hauts, les nombreux bas, jusqu’au titre européen glané en 2022 qui a marqué le grand retour de ce collectif parmi les meilleurs. Agé de 41 ans, il est toujours une machine, infatigable premier défenseur et arme fatale devant. Son magnifique but au match précédent avait fait le tour des réseaux, celui de cette fin de journée pour emmener les Bleus en finale est inestimable.

Ses partenaires n’ont que des mots forts pour lui. « Appelez-le l’extraterrestre », se marre Hakim Arezki. Le gardien Alessandro Bartolomucci, qui mérite sa petite statue lui aussi avec ses sept arrêts dont trois vraiment pas simples devant le sacré numéro 9 colombien, est formel : « Il est le meilleur joueur au monde pour moi aujourd’hui », dit-il. Sans se concerter, le coach Toussaint Akpweh avait utilisé la même expression juste avant lui. « C’est un mec qui performe à chaque compétition, qui est là tout le temps, qui est un exemple de travail, de rigueur et d’abnégation, et au niveau du comportement c’est un mec exemplaire aussi, énumère Bartolomucci. C’est un athlète hors normes qui gagnerait à être plus connu en France. »

Le défi de l’après Paris

Quand on lui dit ça, l’intéressé n’est pas d’accord. Enfin si, mais seulement si ça embarque toute la discipline avec. Vous ne lui ferez jamais dire qu’il est le meilleur – à la rigueur, il conçoit qu’il est celui « qui a le plus d’expérience » – parce que ce n’est pas sa vision du foot. « Je les remercie, mais ce sont eux qui me mettent en lumière. C’est grâce à tout le monde qu’on en est là, on est une équipe, une bande de potes, défend le héros du jour. On est tous amateurs, on travaille à côté, on fait des heures pas possibles. » Tout ça pour faire vivre ce sport et, depuis quelques jours, le faire vraiment découvrir au grand public.

L’alchimie a opéré et tout le monde au sein de l’équipe espère désormais que tout ça aura une suite. C’est résumé de manière assez magistrale par le coach Toussaint : « Mon fil conducteur, mon contrat avec eux, c’est de permettre que le monde les voit tel que moi je les vois, c’est-à-dire des porteurs de compétences et des porteurs d’inclusion. Le défi est sur l’après Paris. Il faut que tout l’écosystème autour du football investisse sur cette discipline, pour que ces joueurs considérés comme des footballeurs à part entière, et pas entièrement à part. Parce que pour l’instant, ils sont sur le bord de la route. »

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De tout ça, il sera temps de parler à partir de dimanche. Car avant ça, il y a un titre à aller chercher, samedi soir. La dernière marche sera immense. Peut-être pas autant que prévu, les invincibles Brésiliens (en or depuis 2004) ayant fini par perdre aux tirs au but dans la soirée, mais ça ne sera pas beaucoup plus simple face à l’Argentine. Cette équipe aussi est composée de professionnels, qui s’entraînent dans leur pays dans des conditions bien supérieures à celles des Français.

Mais rien à faire de tout ça. Une finale France-Argentine, ça se gagne, point barre. « On est en France, à la maison, et il n’y aura pas de plus fort que nous », promet capitaine Fred. Qui disposera, derrière sa petite armée habituelle de neuf équipiers derrière lui, du renfort de 12.000 personnes en furie. Ça peut toujours servir quand on veut s’attaquer à une montagne.

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