L’establishment israélien (id est : le monde juridique israélien, les médias, et c’est tout) a plongé dans la question de la dispense du service militaire pour des raisons ou d’autres, dont la classique opposition à Bibi de la part d’une partie des dirigeants mis en place par la Gauche pour continuer à défendre ses positions, quand bien même le « peuple » a fait ses choix, et ils sont différents.
De fait, il est bien clair que la majorité des Juifs considère que l’étude de la Tora fait partie des données centrales du peuple juif, et que le fait d’y adonner apporte à l’ensemble de la population la Protection divine dont il a tellement besoin.
Puis que peut-on faire avec des objecteurs de conscience, dont les dirigeants (de toute génération, et pas seulement ceux d’aujourd’hui) sont absolument opposés à ce qu’on les fasse sortir des Yechivoth pour les forcer à effectuer un service militaire contre leur gré ? Il est ridicule même de s’être laissé entrainer par des activistes ignorant totalement le fonctionnement du public orthodoxe et la compréhension de ses dirigeants.
J’ai été confronté à deux sortes d’arguments ces temps-ci dans ce domaine, et il m’a semble important dans parler sur votre site, si vous le voulez bien.
Un article a paru dans sur un site quelconque, assez sérieux en général, présentant les sources anciennes du service militaire dans la Tora puis dans les autres textes bibliques plus tardif. Il en ressort que les Juifs se rendaient sous les drapeaux et allaient défendre leur peuple ! Comment les orthodoxes de nos jours s’y refusent-ils ? Ne prennent-ils pas position contre la tradition ancienne de leur propre peuple ?
La réponse repose sur la nature des dirigeants de l’armée : s’il s’était agi de personnes se conduisant selon la Tora, l’argument aurait été meilleur (je ne veux pas dire « valable »), car alors effectivement la question pouvait se poser s’il faut envoyer nos jeunes à l’armée, mais comme cela n’est absolument pas le cas, et qu’au contraire, les dirigeants de l’armée sont totalement déconnectés du monde de la Tora, et sont plutôt portés à faire passer leurs idéologies dans les rangs de leurs troupes, cela nous interdit de songer à une telle éventualité. Et, au contraire, quand des militaires de carrière arborent des kippoth, ils ont toutes les chances au monde de ne pas pouvoir arriver aux hauts grades de l’armée, de peur que…
Pour nous, l’engagement à la Tora et aux mitsvoth passe avant tout.
Il est du reste assez intéressant de constater que des personnes ayant sous leur main des défections quant à certaines obligations de la Tora étaient priées poliment de rester chez eux – si déjà on fait référence aux obligations du service militaire toranique ! Sur le verset (Devarim/Deutéronome 20,8) : « Les préposés adresseront de nouveau la parole au peuple, et diront : « S’il est un homme qui ait peur et dont le cœur soit lâche, qu’il se retire et retourne chez lui, pour que le cœur de ses frères ne défaille point comme le sien ! », Rachi rapporte l’explication de rabbi Yossi HaGalili : il a peur des transgressions qu’il commet et c’est pourquoi la Tora lui demande de retourner chez lui sous le prétexte qu’il a construit une maison neuve, planté un vigne ou pris une femme, ceci pour permettre à ceux qui veulent en fait revenir chez eux du fait de leurs fautes puissent le faire sans que l’on ne se rende compte de la vraie raison de leur défection.
Si déjà on parle de la conduite d’antan, des temps bibliques, il faut donc savoir que le simple fait de ne pas accomplir toutes les mitsvoth amenait alors les gens à fuir la guerre, et la Tora le leur permet parfaitement, et même leur offre une couverture pour le faire dans la discrétion, parce la guerre juive n’est concevable que de cette manière ! Et un soldat qui n’était pas pur devait aller se tremper dans un mikvé, avant de pouvoir revenir dans les rangs de ses compagnons ! Cela n’est vraiment pas de cela qu’il est question de nos jours.
Mais si déjà on fait appel à nos sources, il faut rappeler le terrible reproche fait à Avraham d’avoir vidé ses disciples (Beréchith/Genèse 14,14) : « Abram, ayant appris que son parent était prisonnier, arma ses fidèles, enfants de sa maison, trois cent dix-huit, et suivit la trace des ennemis jusqu’à Dan ». La Guemara (Sota 32a) renverse toutefois le sens de ce verset, et nous apprend que les deux siècles et quelques durant lesquels ses descendants ont souffert en Egypte reposent sur le fait qu’il ait osé prendre ses disciples et les armer pour sauver son proche, Lot !
Ou encore le reproche fait par l’ange de l’Eternel se présentant devant Yehouchoua’ (5,14) un soir de sa lutte contre les habitants de la Terre sainte pour l’hériter à leur place, une guerre de mitsva par excellence, lui reprochant de ne pas se livrer à l’étude de la Tora sous ce prétexte, ce qui fit qu’immédiatement Yehochou’a se plongea dans les saints textes (‘Erouvin 63b) !
Il faut croire que l’étude de la Tora passe avant tout.
Mais, nous a-t-on aussi reproché, tout cela est très joli, mais notre génération n’en est pas là, et le danger est présent, de manière terrible, ayant déjà coûté la vie à plus de 500 soldats. Sans parler de la terrible situation de familles entières dont le père est à l’armée, laissant femmes et enfants seuls, et se mettant en un danger constant ! Comment peut-on s’en désolidariser ?
Nul doute que l’engagement et le courage des soldats est remarquable. Autant que celui de pompiers ou de policiers, qui s’engagent dans l’une ou l’autre des carrières de ce genre, mais c’est leur choix personnel, avec les risques que cela comporte. Il en est de même pour l’armée, avec peut-être un besoin plus grand de personnes qui s’y engagent, et un risque naturel plus important. Vous avez déjà rapporté sur votre site voici peu une analyse parue voici quelques dix ans dans Haarets, décrivant la présence de deux formations dans le cadre de l’armée : l’une, professionnelle, militaire au sens propre du terme, et l’autre, tout aussi importante, ne servant à pas plus qu’à former une « armée égalitaire », afin que tous les jeunes passent par l’armée, mais ceux de cette seconde partie n’ont aucune formation réelle et ne servent en fait à pas grand-chose. L’armée et les hommes politiques israéliens ne l’avoueront pas, et on n’en parle pas dans les médias, et pour cause… Mais c’est une réalité, et si en plus Haarets la fait paraitre, c’est que c’est vraiment ce qui se passe sur le terrain.
Le pire dans tout cela est qu’il ne fait pas grand doute, pour qui comprend un peu la politique locale, que le sujet de l’enrôlement des jeunes des Yechivoth n’a aucun rapport, ou presque, avec la réalité, mais s’inscrit tout simplement dans un jeu politique éhonté, présenté par la Gauche et par ses militants, en particulier ceux qui siègent à la Haute Cour de « justice », dans le but de faire tomber Netaniahou, sans plus. Voici un peu plus d’un an, l’un des responsables de ces partis de Gauche n’a pas hésité à fournir aux responsables des partis orthodoxes une feuille de papier signée par lui, leur disant d’y inscrire leurs conditions pour former une coalition avec eux – autrement dit, tout ce que vous désirez, vous l’obtenez, y compris évidemment ce sujet-clé qui traine depuis des décennies à la Knesseth, celui d’un accord concernant le statut des jeunes des Yechivoth. Pour peu que ces partis orthodoxes acceptent de soutenir les partis de Gauche, tout leur serait accordé, y compris une loi dans ce domaine…
Et c’est du reste ce qui énerve le monde orthodoxe : ils font tout en faveur de Netaniahou, et ce dernier n’est pas en mesure de leur accorder les diverses faveurs qu’ils exigent, comme tout parti faisant partie de la majorité au pouvoir. Alors, à quoi bon ?
Mais restons dans notre domaine, celui du service militaire pour les orthodoxes. L’unanimité absolue s’est faite jour entre tous les rabbanim du monde orthodoxe, des Sefarades aux Achkenazes, lituaniens et ‘hassidiques, tous les rabbanim proclament qu’ils sont contre l’enrôlement des jeunes des Yechivoth ! J’espère que les quelques arguments présentés ici serviront à clarifier leur position et à mieux la faire comprendre.
Source: KOUNTRASS.COM
Il n’y a tout simplement pas assez de soldats à présent. Les soldats présents vont devoir faire plus de temps.
Du Kountrass tout craché : fait ce que je dis, pas ce que je fais – ou que je bénis – même quand c’est notoirement immoral ! Il fut un temps où j’étais abonné à cette revue dans son édition française : j’ai arrêté il y a une trentaine d’année quand dans la même semaine sont parus dans Kountrass des éloges dithyrambiques d’un certain M. R…r et dans la presse française l’information sur son inculpation pour fraude aggravée au détriment du Trésor public
Kountrass à l’état pur : Fait ce que je décrète quand cela correspond à mes objectifs, même quand cela est contraire à la morale élémentaire. J’étais abonné à son édition française il y a une trentaine d’années jusqu’à ce que la même semaine y paraisse un article dithyrambique célébrant les mérites communautaires d’un certain M. R…r et des articles dans la presse française relatant son inculpation pour escroqueries envers le Trésor Public en relation avec l’objet des éloges ! Ce n’est pas ma conception de l’éthique juive. En conclusion, concernant l’article, je rejette l’argumentaire développé. Le grand-père d’un officier de commando de Tsa’hal religieux.