L’armée israélienne a annoncé qu’elle intensifiait ce dimanche 24 décembre ses opérations contre le Hamas dans le sud de la bande de Gaza assiégée, pendant que les Etats-Unis pressent Israël de faire plus d’efforts pour épargner les civils, menacés par la faim. Lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Joe Biden « a souligné le besoin crucial de protéger la population civile », selon la Maison-Blanche. Joe Biden a précisé qu’il n’avait « pas demandé de cessez-le-feu » entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.
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Les Etats-Unis continuent d’afficher un soutien sans faille envers leur allié historique mais récemment, ils insistent de plus en plus pour qu’Israël passe à une phase moins intense de son offensive et privilégie des opérations plus ciblées contre les responsables du Hamas. Israël a juré de détruire le Hamas depuis une attaque d’une ampleur et d’une violence sans précédent menée sur son sol le 7 octobre par le mouvement islamiste depuis la bande de Gaza. Ce jour-là, les commandos du Hamas ont fait environ 1140 morts, en majorité des civils, selon les derniers chiffres officiels israéliens. Ils ont aussi enlevé environ 250 personnes dont 129 restent détenues à Gaza, selon Israël.
En représailles, Israël a juré d' »anéantir » le Hamas, pilonnant le territoire palestinien, l’assiégeant, et y menant une opération terrestre depuis le 27 octobre. Ces opérations ont fait 20 258 morts, majoritairement des femmes, adolescents et enfants, et plus de 53 000 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas. Depuis le début du conflit, 152 militaires israéliens ont été tués à Gaza, selon un dernier bilan de l’armée publié dimanche.
Nouveau bastion visé
Dimanche, de nouveaux bombardements ont touché Jabaliya et la ville de Gaza, dans le Nord, ainsi que Khan Younès, la grande ville du sud, a annoncé le Hamas. Le nord a jusqu’ici été le théâtre d’énormes destructions, sur cette bande côtière où 1,9 million de personnes ont été forcées de fuir leur domicile, soit 85 % de la population, selon l’ONU. L’armée israélienne a annoncé son intention de continuer à frapper dans le Sud, à la recherche des responsables du Hamas, qu’elle considère comme un groupe terroriste, au même titre que les Etats-Unis et l’Union européenne.
Après la ville de Gaza, « nous pivotons vers le sud et nous concentrons nos principales opérations sur un autre bastion du Hamas, Khan Younès », a expliqué un porte-parole de l’armée, Jonathan Conricus, sur la chaîne américaine Fox News. Les combats dans le Nord « continueront, peut-être à une intensité moindre », a-t-il ajouté.
« Accordez-nous la paix »
La situation humanitaire dans la bande de Gaza est désastreuse : la plupart des hôpitaux y sont hors service et dans les six prochaines semaines, l’ensemble de la population risque de subir un niveau élevé d’insécurité alimentaire, pouvant aller jusqu’à la famine, selon les Nations unies. Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté vendredi une résolution réclamant l’acheminement « immédiat » et « à grande échelle » de l’aide humanitaire. Mais la portée de ce texte, qui a réussi à éviter un veto américain en appelant à « créer les conditions d’une cessation durable des hostilités » plutôt qu’à un « cessez-le-feu », reste incertaine. ONG et agences de l’ONU expliquent que l’intensité des frappes israéliennes rend quasiment impossible la distribution de l’aide alimentaire. Les Gazaouis rencontrés par l’AFP fustigent eux la communauté internationale.
Cette résolution « renforce la décision d’Israël de tuer davantage de civils et prolonge la guerre contre ce peuple en échange d’un peu de nourriture », a dénoncé Rami al-Khalut, un habitant du nord qui a fui à Rafah, dans le Sud. « Plutôt que […] d’augmenter les livraisons d’aide, arrêtez de soutenir Israël et de lui fournir des armes, […] arrêtez la guerre et accordez-nous la paix. » A Rafah, où des centaines de milliers de réfugiés s’abritent dans des camps de fortune, la population se rue sur les rations alimentaires, insuffisantes pour satisfaire tout le monde, a constaté l’AFP. « Mes enfants ont perdu beaucoup de poids, la faim les réveille la nuit », a confié Nour Barbakh, une déplacée de Khan Younès faisant la queue pour attendre de la nourriture.
« Plus de 200 terroristes » arrêtés
A Deir el-Balah (centre), une frappe a fait samedi des morts et de nombreux blessés, parmi lesquels plusieurs femmes et enfants, a constaté l’AFP. Ma « maison a été touchée par un missile de drone », a raconté Abed al-Khawalda, qui a perdu sa sœur dans le bombardement. Elle « s’est effondrée sur les personnes qui s’y trouvaient. » Samedi, l’armée israélienne a affirmé avoir capturé « plus de 200 terroristes » au cours de la semaine, et « plus de 700 » depuis le début du conflit. Elle a aussi assuré qu’une frappe menée sur Rafah vendredi, qui a tué quatre membres d’une même famille dont une fillette selon le Hamas, visait un responsable du mouvement palestinien chargé de l’approvisionnement en armes.
De son côté, le ministère de la Santé du Hamas a accusé les forces israéliennes d’avoir cette semaine « commis plusieurs massacres atroces » dans la région de Jabaliya et dans celle de Tal Al-Zaatar », et d’avoir notamment « exécuté des dizaines de citoyens dans les rues. » Sollicitée par l’AFP, l’armée n’a pas spécifiquement répondu aux accusations d’exécutions mais a assuré que ses frappes « contre des cibles militaires sont conformes au droit international ».
Incertitudes pour cinq otages
Les médiateurs égyptien et qatari tentent toujours de parvenir à un compromis entre les belligérants sur une nouvelle trêve qui permettrait l’entrée de plus d’aide à Gaza ainsi que des libérations d’otages et de prisonniers palestiniens incarcérés par Israël. Fin novembre, une trêve d’une semaine avait permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l’entrée à Gaza de convois d’aide humanitaire. Néanmoins, les deux camps restent intransigeants.
Le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l’idée d’une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant « l’élimination » du mouvement islamiste. Samedi, la branche militaire du Hamas a affirmé avoir « perdu le contact » avec des combattants gardant cinq otages israéliens. Ceux-ci ont probablement « été tués lors d’une frappe israélienne », a-t-elle estimé. Aucune confirmation n’a pu être obtenue auprès d’Israël.
Tensions régionales
Au-delà de Gaza, le risque d’un embrasement régional persiste. Les rebelles Houthis du Yémen menacent notamment de ralentir le commerce mondial en attaquant le trafic maritime en mer Rouge depuis plusieurs semaines, disant agir en solidarité avec le Hamas. Un navire chimiquier a été touché samedi au large de l’Inde par un « drone d’attaque tiré depuis l’Iran », et deux pétroliers et un destroyer américain naviguant en mer Rouge ont également été visés par des drones lancés par les rebelles Houthis au Yémen, selon l’armée américaine.
Le Pentagone explique que l’Iran, allié des rebelles yéménites et du Hamas, donne des informations aux Houthis pour la planification de leurs attaques, des accusations qui ont été rejetées par Téhéran.
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