Tampons et serviettes hygiéniques dans chaque toilette, une réserve bien fournie et approvisionnée à la demande… A Karlskrona, comme dans l’ensemble de la Suède, toutes les conscrites bénéficient de protections périodiques gratuites. Motivée par l’ambition d’un traitement égal des hommes et des femmes dans l’armée, l’initiative permet aussi de lutter contre la précarité menstruelle.
« Nous voulions permettre aux appelées d’avoir à leur disposition tout le matériel dont elles ont besoin dans toutes les circonstances », explique un responsable de l’état-major, Per Öster. Avec la Norvège et Israël, la Suède est l’un des rares pays occidentaux où le service militaire est en principe obligatoire pour les femmes comme pour les hommes, et le premier à proposer gratuitement des serviettes et des tampons.
Une armée « égalitaire »
« Auparavant, le seul endroit où les femmes pouvaient disposer de protections hygiéniques [gratuites] dans l’armée, c’était lorsqu’elles étaient alitées à l’infirmerie », se rappelle Per Öster. « C’est fou ! » Introduite à l’automne 2020, la mesure dépoussière l’image de l’armée, la montrant comme un lieu de travail moderne et paritaire. Pari gagné selon Maria Juvel, conscrite depuis trois mois.
« Je ne ressens aucune différence par rapport à ce que ressentent les garçons, je crois. C’est exactement la même chose pour tout le monde, c’est égalitaire », assure-t-elle. « Personne ne te regarde de haut et ce n’est pas plus dur parce qu’on est une femme », témoigne la jeune fille, qui estime que tout est fait pour la parité. Supprimé en 2010 en Suède, le service militaire y a été réinstauré en 2017 sur fond d’augmentation d’activités militaires russes dans la région, devenant obligatoire tant pour les femmes que pour les hommes.
Bientôt des protections pour toutes les femmes dans l’armée ?
Selon le commandant de la compagnie, les mentalités ont énormément évolué depuis les années 1990, quand les femmes avaient été autorisées à faire leur service militaire. « Quand j’ai fait mon service militaire on était environ 800 et le nombre de filles, je peux presque le compter sur une main », dit Carl Gustav Gonzalez. « On ne pensait pas [aux protections hygiéniques] à l’époque, il faut dire que c’était il y a un certain temps, heureusement, on s’est amélioré et on pense différemment », se félicite l’officier de 45 ans.
En principe obligatoire, le service militaire suédois, d’une durée de six à 15 mois, est en pratique sélectif. Dans le pays scandinave de 10,5 millions d’habitants, il attire de plus en plus de jeunes et 5.475 ont été retenus en 2022, soit 46 % de plus que quatre ans auparavant. A Karlskrona, ville du sud du pays située au bord de la Baltique, les chambrées sont mixtes, et parmi les 165 conscrits de l’année, deux sur cinq sont des femmes, une proportion bien supérieure à la moyenne nationale de 24 % de femmes. Au niveau national, quelque 740.000 protections ont été achetées en 2022. L’état-major envisage d’étendre la mesure à l’ensemble des personnels permanents des forces armées, comme c’est le cas dans certains régiments aux Etats-Unis.
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