Des corbeaux, la mort tout sourire, un sablier qui défile. Ces éléments prennent place dans le cimetière du Père-Lachaise et suivent un vieil homme titubant mais mû par une farouche envie de vengeance. Dans 20 ans en mai 1871, Jacques Tardi s’est pris au jeu de faire un récit en 25 pages pour la collection 25 Images des éditions Martin de Halleux. Ce récit en noir et blanc, sans texte, avec une image par page, reprend les contraintes imaginées par Frans Masereel dans 25 images de la passion d’un homme.
Là, au Père-Lachaise, cimetière où Tardi peut se promener, lui, le Parisien du 20e arrondissement, mais qu’il a aussi dessiné pour les aventures d’Adèle Blanc-Sec, le bédéaste rend hommage aux Communards. Il s’attaque à la tombe d’Adolphe Thiers, qui a organisé la répression de l’insurrection parisienne de 1871 avec plus de 15.000 hommes, femmes ou enfants tombés sous les balles ou passés à la baïonnette.
Le vieil homme ne crache pas sur la tombe, ce n’est pas assez méprisant
Cet hommage passe par la vengeance d’un vieil homme, qui avait 20 ans en 1871. Malgré ses problèmes pour se déplacer, il avance avec un seul but : se rendre sur la tombe de Thiers. Face à cet imposant mausolée, sa rage se déverse, non en crachant sur la tombe, mais d’une manière bien plus méprisante pour l’homme qui a ordonné les massacres.
La Commune fait partie de l’œuvre de Tardi avec les quatre tomes du Cri du Peuple. Il y revient avec un personnage dont c’est le dernier voyage escorté par la mort, des corbeaux et un sablier. Et, même sans texte, on entend ce vieillard hurler « Vive la Commune » lorsqu’il se venge de Thiers.
« 20 ans en mai 1871 », de Jacques Tardi, aux éditions Martin de Halleux. 19,90 euros.
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