Quelque 17 millions d’électeurs Irakiens sont appelés aux urnes lundi pour élire 285 conseillers provinciaux. Passé dans l’opposition, l’influent leader chiite Moqtada Sadr a décidé de boycotter ce scrutin test organisé par le gouvernement de Mohamed Chia al-Soudani, porté au pouvoir par une coalition de partis pro-Iran.
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Les Irakiens élisent lundi 18 décembre leurs conseils provinciaux. C’est le premier scrutin du genre en une décennie, et il doit servir à consolider les partis chiites pro-Iran au pouvoir et à jauger leur assise populaire.
Passé dans l’opposition, l’influent leader chiite Moqtada Sadr boycotte ces élections qui se déroulent dans 15 provinces. Dans ce pays de 43 millions d’habitants, riche en hydrocarbures mais miné par une corruption endémique qui n’épargne aucun rouage de l’État, la désillusion domine.
Le scrutin est aussi un test pour le gouvernement de Mohamed Chia al-Soudani. Porté au pouvoir il y a plus d’un an par une coalition de partis pro-Iran, il fait valoir inlassablement sa politique de développement des services publics et des infrastructures, ravagés par des décennies de conflits.
« La participation sera l’indicateur ultime de satisfaction », explique à l’AFP Renad Mansour, du centre de réflexion Chatham House. « La question est de savoir si le populisme économique du gouvernement – la distribution d’emplois [dans le secteur public] – marche et attire ou non le jeune public. »
Lundi matin, 7 166 bureaux de vote placés sous haute sécurité ouvriront leurs portes à 7 h (4 h GMT) et fermeront à 18 h (15 h GMT).
Quelque 17 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour départager 6 000 candidats se disputant 285 sièges dans les provinces concernées.
Instaurés après l’invasion américaine et la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, les conseils municipaux jouissent d’importantes prérogatives : élection du gouverneur de la province et allocations des budgets de la santé, des transports ou de l’éducation, à partir de juteux financements débloqués par le pouvoir fédéral de Bagdad, ultra-dépendant de sa rente pétrolière.
Leurs détracteurs voient dans ces conseils des nids à corruption favorisant le clientélisme.
1 600 femmes candidates
Le scrutin devrait consolider des factions du Cadre de coordination, la coalition pro-Iran composée de partis chiites et d’anciens paramilitaires du Hachd al-Chaabi, intégrés aux forces régulières.
Pour certains poids lourds de cette alliance qui domine actuellement le Parlement, les élections sont une « opportunité » pour « prouver qu’ils ont une base sociale et qu’ils sont populaires », souligne Renad Mansour.
Il évoque la « compétition en interne au sein de la ‘Maison chiite' », chaque groupe cherchant à s’arroger des postes de gouverneurs.
Lors d’une révolte anti-pouvoir à l’automne 2019, les conseils provinciaux avaient été dissous par le Parlement pour apaiser les manifestants.
Mais le gouvernement de Mohamed Chia al-Soudani a validé leur rétablissement et les élections de lundi sont les premières depuis 2013. Les trois provinces de la région autonome du Kurdistan, dans le nord du pays, en sont exclues.
« À quoi vont nous servir ces élections », lâche Abou Ali, chauffeur de taxi de 45 ans.
« Les années passent, les élections se répètent, les candidats changent, et notre situation reste la même », confie-t-il à l’AFP à Bagdad. Ces candidats « ne construisent rien, ils cherchent juste les intérêts de leurs partis ».
Dans un Irak multiconfessionnel et multiethnique, 10 sièges iront aux minorités – chrétiens, yazidis, sabéens. Parmi les candidats figurent 1 600 femmes, un quota de 25 % leur étant réservé.
Si le conseil provincial de Bagdad compte 49 élus, celui de Bassorah, dans le sud, en a 22.
Les observateurs surveillent Kirkouk, province du nord riche en pétrole, où pourraient resurgir des rivalités historiques opposant les grands partis des communautés arabe, kurde et turcomane.
Malgré des attaques de drones en Irak menées par des groupes armés pro-Iran contre les troupes américaines, le scrutin ne devrait pas être affecté par ces tensions régionales, alimentées par la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
Avec AFP
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