D’après le Bureau des droits de l’homme des Nations unies dans les territoires palestiniens occupés, les forces israéliennes ont affirmé avoir mené au moins 10 000 frappes aériennes depuis le début des hostilités le 7 octobre, faisant près de 17 000 morts.
Au 60e jour de la guerre israélo-palestinienne, le secrétaire général des Nations unies António Guterres a averti ce mercredi le Conseil de sécurité que le conflit dans la bande de Gaza « pourrait aggraver les menaces existantes à la paix et à la sécurité internationales ».
Guterres a invoqué l’article 99, rarement utilisé, qui lui permet de « porter à l’attention du Conseil de sécurité toute question qui, à son avis, pourrait menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».
« Nous sommes confrontés à un grave risque d’effondrement du système humanitaire. La situation se détériore rapidement et se transforme en une catastrophe dont les implications sont potentiellement irréversibles pour les Palestiniens dans leur ensemble ainsi que pour la paix et la sécurité dans la région », a écrit Guterres dans une lettre adressée aux quinze membres du Conseil.
« Une telle issue doit être évitée à tout prix », a-t-il ajouté.
Depuis le 7 octobre, date de l’attaque surprise menée par le Hamas en Israël, au cours de laquelle environ 1 200 personnes ont été tuées et plus de 200 capturées, près de 17 000 Palestiniens ont été tués dans la campagne de représailles israélienne à Gaza, dont au moins 7 112 enfants, 4 885 femmes, 286 professionnels de la santé, 32 secouristes et 81 journalistes.
En Cisjordanie occupée, 254 Palestiniens ont été tués par des soldats et colons israéliens.
« Atrocités criminelles »
Mercredi, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a plaidé pour un cessez-le-feu immédiat, affirmant que les Palestiniens de la bande de Gaza vivaient dans « une horreur totale et croissante ».
Il a ajouté qu’il existait un risque accru que des atrocités criminelles soient commises dans de telles « circonstances humanitaires catastrophiques ».
L’expression « atrocités criminelles » qualifie trois crimes internationaux définis juridiquement : le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre.
En 2005, lorsque les États membres des Nations unies ont pris l’engagement de protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité, principe dit de la « responsabilité de protéger », l´expression « atrocités criminelles » a été élargie pour inclure le nettoyage ethnique qui, sans être qualifié de crime à part entière en droit international, englobe des actes constitutifs de violations graves du droit international pouvant en soi caractériser l’une des atrocités criminelles reconnues.
« Mes collègues humanitaires ont qualifié la situation d’apocalyptique. Dans ces circonstances, il existe un risque accru d’atrocités criminelles », a déclaré Volker Türk lors d’une conférence de presse à Genève.
« Des mesures doivent être prises de toute urgence, tant par les parties concernées que par l’ensemble des États, en particulier ceux qui ont de l’influence, pour prévenir de tels crimes. »
« Les civils de Gaza continuent d’être bombardés sans relâche par Israël et punis collectivement – subissant la mort, le siège, la destruction et la privation des besoins humains les plus élémentaires tels que la nourriture, l’eau, les fournitures médicales vitales et d’autres produits essentiels à une échelle massive », a-t-il détaillé devant les journalistes.
« Les Palestiniens de Gaza vivent dans une horreur totale et croissante. »
Volker Türk a indiqué que 1,9 million des 2,2 millions d’habitants de l’enclave palestinienne avaient été déplacés et étaient poussés vers « des endroits de plus en plus petits et extrêmement surpeuplés dans le sud de Gaza, dans des conditions insalubres et malsaines ».
Une dévastation comparable à celle de la Seconde Guerre mondiale
D’après le Bureau des droits de l’homme des Nations unies dans les territoires palestiniens occupés, les forces israéliennes ont affirmé avoir mené au moins 10 000 frappes aériennes depuis le début des hostilités le 7 octobre.
Le Bureau a déclaré que les frappes aériennes contre des infrastructures résidentielles et autres infrastructures civiles « soul[evaient] de sérieuses inquiétudes quant au respect par Israël du droit international humanitaire et augment[aient] considérablement le risque d’atrocités criminelles ».
Selon le Financial Times, la campagne de bombardements « catastrophique » d’Israël à Gaza « s’approche de celle provoquée par les bombardements massifs menés pendant plusieurs années sur les villes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale ».
« Gaza deviendra également un nom de lieu désignant l’une des campagnes de bombardements conventionnels les plus intenses de l’histoire », indique le journal.
Près de 70 % de tous les bâtiments de Gaza ont été détruits au cours des deux derniers mois par Israël, avec le soutien de l’armement américain.
Jan Egeland, le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), une organisation humanitaire internationale de premier plan, a déclaré mardi que les morts civiles à Gaza étaient « une tache pour Israël et ses alliés ».
Dans un communiqué, l’organisation a déclaré : « La pulvérisation de Gaza compte désormais parmi les pires agressions contre une population civile de notre époque. Chaque jour, nous voyons de plus en plus d’enfants morts et de nouvelles profondeurs de souffrance pour les innocents qui endurent cet enfer. »
Egeland a ajouté que de nombreux membres du personnel du NRC à Gaza vivaient désormais dans la rue. L’une d’elles le fait avec son bébé de deux mois.
« Les pays qui soutiennent Israël avec des armes doivent comprendre que ces morts civiles entacheront définitivement leur réputation. Ils doivent exiger un cessez-le-feu immédiat en Israël et à Gaza. Seule une cessation des hostilités nous permettra d’assurer une aide efficace aux deux millions de personnes qui en ont désormais besoin », a-t-il ajouté.
Après l’appel du secrétaire général de l’ONU à un « cessez-le-feu humanitaire » à Gaza mercredi, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a répondu sur X que la déclaration de Guterres signifiait qu’il soutenait le Hamas.
Le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’UE, Josep Borrell, a cependant demandé aux États européens de soutenir le secrétaire général de l’ONU.
« Je demande aux membres de l’UE du Conseil de sécurité de l’ONU et aux partenaires partageant les mêmes idées de soutenir l’appel du secrétaire général de l’ONU, António Guterres », a posté sur X le chef de la politique étrangère de l’UE.
« Le Conseil de sécurité doit agir immédiatement pour empêcher un effondrement total de la situation humanitaire à Gaza », a-t-il ajouté.
Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU examineront aujourd’hui un projet de résolution de cessez-le-feu.
Traduit de l’anglais (original).
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