80 ans après René Douce reçoit le titre de Juste parmi les Nations

Vues:

Date:

80 ans après avoir sauvé des dizaines de familles juives d’une grande rafle, ce cheminot reçoit le titre de Juste parmi les Nations

René Douce était cheminot et résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a sauvé des dizaines de familles juives à Fives le 11 septembre 1942 lors de la plus grande rafle du Nord-Pas-de-Calais.

René Douce était cheminot et résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a sauvé des dizaines de familles juives à Fives le 11 septembre 1942 lors de la plus grande rafle du Nord-Pas-de-Calais.René Douce était cheminot et résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a sauvé des dizaines de familles juives à Fives le 11 septembre 1942 lors de la plus grande rafle du Nord-Pas-de-Calais. • © Famille Douce via Comite français pour Yad Vashem

Écrit par Noëlle Hamez et Martin Vanlaton

Ce dimanche 16 mars, les descendants de René Douce recevront la médaille de Juste parmi les Nations, remise à titre posthume. Une commémoration en mémoire de ce cheminot de Fives, quartier est de Lille, et résistant qui a sauvé plusieurs dizaines de juifs, dont des enfants, lors de la rafle du 11 septembre 1942. La plus grande qu’ait connue le Nord-Pas-de-Calais pendant la Seconde Guerre mondiale.

René Douce s’est éteint en 1960. Presque 70 ans se sont écoulés depuis sa disparition, mais le souvenir de ses actes de résistance n’ont pas été emportés avec lui. Au contraire, un travail de fourmi a permis de recenser ses actes de courage lors de la Seconde Guerre mondiale. Particulièrement le 11 septembre 1942 lorsque, résistant et cheminot, il sauve des dizaines de familles juives raflées dans tout le Nord-Pas-de-Calais et acheminées par train à Fives (quartier est de Lille), pour rejoindre les camps d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.

Une intervention qui lui a valu le titre de Juste parmi les Nations en 2022, haute reconnaissance décernée par un juge de la Cour suprême d’Israël afin d’honorer les personnes ayant « mis leur vie en danger pour sauver les Juifs ». Un gage de gratitude que René Douce a reçu à titre posthume.

Ce dimanche 16 mars 2025, ce sont donc ses descendants, notamment ses deux enfants, qui recevront la médaille de Juste lors d’une cérémonie donnée en son honneur en préfecture du Nord. Un hommage symbolique, puisque René Douce est né un 17 mars. Une façon de commémorer l’anniversaire de ce Lillois, dont la vie nous a été contée par Grégory Célerse, historien indépendant qui a constitué et porté le dossier administratif de René Douce, pour que le Nordiste puisse prétendre au titre de Juste parmi les Nations.

Plus de 500 familles juives arrêtées

Le vendredi 11 septembre 1942, veille de Rosh Hashana, les familles juives du Nord et du Pas-de-Calais se retrouvent pour fêter la nouvelle année. Une journée de partage que les Allemands et la police française choisissent pour organiser la rafle la plus importante qu’ait connue la région durant la Seconde Guerre mondiale. On parle de l’arrestation de 500 à 600 familles juives dans la métropole de Lille et dans le Bassin Minier. Des adultes et des enfants menés de force à Malines, en Belgique, dernier arrêt avant Auschwitz.

Ce jour-là, les premiers juifs faits prisonniers sont acheminés à Lille, dans la gare de Fives, pour attendre les convois en provenance du Bassin minier. C’est à ce moment précis que le sauvetage va commencer.

Au moins 24 cheminots, dont Marcel Hoffmann (son nom a été donné à un square d’Hellemmes) et René Douce, décident d’intervenir au péril de leur vie. Eux, connaissent parfaitement la gare de Lille Fives contrairement aux Allemands, et savent comment procéder pour extraire les déportés, puis les cacher.

Résistant, communiste et cheminot

Entré à la compagnie des chemins de Fer du Nord en 1929, René Douce s’occupe des réparations et de la maintenance des trains à Fives. Une vie de travailleur honnête, consciencieux, bien utile sous l’Occupation pour masquer ses activités de résistant.

« René Douce, ayant fait des études, avait une bonne écriture. Il savait très bien lire. Il rejoint dans les premiers mois le groupement Voix du Nord dans le secteur d’Hellemmes avec deux collègues de travail, retrace Grégory Célerse. Il était dans un mouvement apolitique, mais pour autant, dans son quartier de Moulins, il appartenait à une cellule de résistance communiste où il avait la charge de la propagande et de la distribution de tracts. »

C’est ce bagage de résistant qui le pousse à agir le 11 septembre 1942, lorsque lui et ses collègues voient arriver des camions allemands, transportant des hommes, des femmes et des enfants qui portent l’étoile jaune.

Ayant des enfants et étant dans la résistance, ils se disent spontanément qu’il faut faire quelque chose. Ils prennent des seaux et des balais, montrent leur carte de travail, et se promènent parmi les Allemands. Grégory Célerse, historien

40 à 60 sauvetages réussis

Les 24 cheminots cachent les prisonniers à l’étage du bâtiment principal de la gare, où se trouvaient les bureaux. Ils parviennent aussi à cacher une douzaine de personnes dans un dortoir, dont ils camouflent l’accès en plaçant des armoires métalliques devant la porte.

À la nuit tombée, une fois le train parti, René Douce et ses collègues font sortir les juifs cachés dans le bâtiment et les répartissent dans des maisons closes, dans des écoles qui étaient de connivence avec la résistance ou directement chez eux.

« Tous ces cheminots — j’en ai identifié 25 — se sont retrouvés avec des bouches à nourrir », raconte Grégory Célerse.

On parle de 40 à 60 sauvetages. Ils ont fait une quête entre collègues de confiance pour pouvoir les nourrir, trouver des lieux d’hébergement. Grégory Célerse, historien

Arrestation et déportation à Dachau

L’histoire pourrait se terminer là. Mais en décembre 1942, la brigade mobile de Lille, l’ancêtre du SRPJ (Service régional de police judiciaire), procède à l’arrestation de René Douce pour son appartenance au réseau communiste. Il est frappé, condamné par la section spéciale de Douai et transféré à la centrale d’Eysses dans le Lot-et-Garonne, puis envoyé à Dachau. Un camp de concentration dont le résistant réchappera à la fin de la guerre.

À son retour, René Douce entamera des démarches pour demander une pension de déporté en tant que résistant, qui permettront aux personnes juives qu’il a sauvées cette nuit-là de le retrouver pour lui témoigner leur gratitude. Des rescapés que Grégory Célerse a d’ailleurs pu interviewer, pour motiver sa demande de reconnaissance de Justes parmi les Nations, une démarche qui nécessite des preuves et des témoignages.

Après plusieurs années passées auprès de sa famille, René Douce décède le 16 février 1960. Aujourd’hui, le résistant lillois repose au cimetière de Lille Sud.

JForum.fr avec france3-regions.francetvinfo.fr

La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img
spot_imgspot_img