Plus de 500 mathématiciens, principalement français mais de plus en plus venus du monde entier, ont signé une déclaration condamnant le génocide en cours à Gaza.
Ils appellent la communauté scientifique à suspendre toute collaboration avec les institutions israéliennes qui ne dénoncent pas explicitement le génocide de Gaza et la colonisation illégale de la Palestine.
Parmi les signataires figurent des mathématiciens de renommée mondiale, parmi lesquels des lauréats de prix prestigieux tels que la médaille Fields, le prix Crafoord et la médaille d’or du CNRS, ainsi que des membres d’académies scientifiques de premier plan.
Publiée samedi 16 novembre 2024 au soir sur Mediapart avec une première liste de 160 signataires, la déclaration a recueilli 450 signatures en seulement 48 heures. Il convient de noter que bon nombre des signataires s’expriment pour la première fois sur la question palestinienne. Cette mobilisation immédiate et sans précédent en réponse à une crise internationale majeure marque un tournant, non seulement pour la communauté mathématique mais potentiellement aussi pour la communauté scientifique au sens large.
Cela contraste fortement avec l’indifférence des présidents d’université face à la destruction systématique par l’armée israélienne du système universitaire palestinien de Gaza et au massacre des universitaires et des étudiants. Cela souligne l’échec de leur insistance à réprimer toute manifestation de solidarité avec les Palestiniens de Gaza au sein des communautés universitaires et étudiantes.
Ces 500 mathématiciens signent une pétition dans laquelle ils disent notamment :
La communauté scientifique s’est souvent mobilisée par le passé pour défendre les droits de l’homme et le droit international.
Dans une lettre ouverte publiée dans le New York Times en décembre 1948, cosignée par Hannah Arendt et Albert Einstein, les auteurs dénoncent la visite de Menahem Begin, chef du parti Tnuat Haherut, précurseur du Likoud (le parti de l’actuel Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu), en ces termes : « Parmi les phénomènes politiques les plus inquiétants de notre époque figure l’émergence dans l’État d’Israël nouvellement créé du « Parti de la liberté » (Tnuat Haherut), un parti politique très proche par son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son attrait social des partis nazi et fasciste. Il a été formé à partir des membres et des partisans de l’ancien Irgun Zvai Leumi, une organisation terroriste, d’extrême droite et chauvine en Palestine… C’est dans ses actions que le parti terroriste trahit son véritable caractère ; à partir de ses actions passées, nous pouvons juger de ce qu’on peut attendre de lui à l’avenir.
Un exemple choquant est leur comportement dans le village arabe de Deir Yassin. Ce village, à l’écart des routes principales Le village, entouré de terres juives, n’avait pris aucune part à la guerre et avait même repoussé des bandes arabes qui voulaient utiliser le village comme base. Le 9 avril, des bandes terroristes attaquèrent ce paisible village, qui n’était pas un objectif militaire dans les combats, tuèrent la plupart de ses habitants (240 hommes, femmes et enfants) et en conservèrent quelques-uns en vie pour les faire défiler comme des captifs dans les rues de Jérusalem.
Les terroristes, loin d’avoir honte de leur acte, étaient fiers de ce massacre, l’ont largement médiatisé et ont invité tous les correspondants étrangers présents dans le pays à venir voir les cadavres entassés et le chaos généralisé à Deir Yassin.
Depuis plus d’un an, le gouvernement israélien et ses forces militaires commettent chaque jour à Gaza l’équivalent d’un massacre de Deir Yassin, tandis que la communauté scientifique reste largement silencieuse.
Pourtant, cette communauté s’est déjà fermement opposée aux attaques contre les civils, que ce soit pendant les guerres d’Algérie et du Vietnam ou, plus récemment, en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Les scientifiques, en particulier les mathématiciens, ne peuvent rester indifférents au génocide en cours à Gaza, d’autant que les puissances occidentales semblent soutenir politiquement, diplomatiquement et militairement ce crime contre l’humanité.
Trop c’est trop. Nous exhortons nos collègues à cesser toute collaboration scientifique avec les institutions israéliennes qui ne condamnent pas explicitement le génocide à Gaza et la colonisation illégale de la Palestine. Nous les encourageons également à faire pression sur nos propres institutions pour qu’elles mettent fin aux accords avec ces partenaires dans les mêmes conditions, dans le respect du droit international.
Cette position n’inclut évidemment pas les collaborations individuelles avec des collègues israéliens, dont 3 400 ont courageusement signé un appel à la communauté internationale, que nous souhaitons soutenir,
Nous exigeons enfin que nos institutions respectent scrupuleusement les libertés académiques et défendent résolument la liberté d’expression dans le respect du droit. »
Le texte intégral et la liste des signataires se trouvent sur : https://docs.google.com/document/d/1AgEVH5QwnPMY-dVjrfMpFloOdHz1U8A63m7PCvYA_Mo/edit?tab=t.0
Les mathématiciens peuvent se joindre à cette pétition en remplissant le formulaire ici : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfvibFVoHTEz84U8AuwEnA7r6HL6Z5MVwLVSlcJSrCSiBkmtA/viewform
CAPJPO-Europalestine
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