37 heures en vol opérationnel dans un B-2

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37 heures en vol opérationnel dans un B-2

Ce que vivent les pilotes derrière les frappes sur l’Iran
L’opération « Midnight Hammer », qui a vu les États-Unis frapper plusieurs installations nucléaires en Iran, a requis une logistique et une préparation hors du commun. Si les projecteurs ont été braqués sur les cibles visées et les résultats géopolitiques, peu d’attention a été accordée à ceux qui ont exécuté la mission : les pilotes de bombardiers furtifs B-2. Pourtant, dans l’ombre, ces hommes ont réalisé un exploit physique et mental en tenant 37 heures de vol sans escale.

Une mission hors norme
Sept bombardiers furtifs B-2 ont été mobilisés pour cette attaque stratégique, chacun avec deux membres d’équipage. La mission, opérée sans escale, a demandé aux pilotes de parcourir des milliers de kilomètres à travers plusieurs fuseaux horaires, avec un enchaînement de ravitaillements en vol, d’approches discrètes, et de manœuvres de précision.

Le colonel à la retraite Melvin J. Dale, vétéran d’un vol de 44 heures en B-2 lors d’une mission en Afghanistan en 2001, a accepté de témoigner pour le média Al-Arabiya sur la réalité de ce type d’opération. Son expérience, bien que datée, permet d’éclairer les conditions dans lesquelles les équipages opèrent.

Simulation, sommeil et médicaments
Pour résister à l’épuisement, les pilotes sont rigoureusement entraînés à simuler ces longues périodes de vol. « L’entraînement en simulateur pouvait durer jusqu’à 24 heures, ce qui permettait d’ajuster les cycles de veille et de sommeil », raconte Dale. Malgré cela, il admet que les conditions réelles sont bien plus intenses. Avant une telle mission, les équipages recevaient des somnifères afin de dormir efficacement dans les jours précédents.

Pendant le vol, les moments cruciaux — décollage, bombardement, ravitaillement, et atterrissage — devaient être assurés par les deux pilotes éveillés simultanément. Le reste du temps, ils se relayaient pour se reposer sur un petit lit de fortune installé derrière les sièges. « Dormir dans ces conditions est difficile, la tension nerveuse est constante », confie Dale. Mais malgré cette pression, il affirme que le corps finit toujours par trouver une forme de repos.

Des stimulants pour tenir
Autre aspect méconnu : l’usage de substances pour maintenir l’attention. Le colonel Dale révèle qu’il leur arrivait de recevoir des amphétamines, prescrites par un médecin militaire avant le départ, afin de conserver leur vigilance. Il note toutefois que ces pratiques datent de plus de vingt ans et pourraient ne plus être d’actualité.

Ces stimulants, combinés à un régime d’hydratation strict, étaient cruciaux : l’altitude élevée et la pression dans le cockpit favorisent la déshydratation. Les pilotes buvaient en moyenne une bouteille d’eau par heure pour compenser les pertes.

Confort minimal dans un avion à plusieurs milliards
Bien qu’il s’agisse de l’un des avions militaires les plus sophistiqués et onéreux au monde, le confort à bord reste spartiate. Dale décrit les sanitaires comme « chimiques, basiques, et sans séparation avec les sièges de pilotage ». Leur usage est limité aux cas d’urgence pour éviter de remplir trop rapidement le réservoir. L’intimité est sommaire : il faut compter sur la discrétion du copilote.

Côté alimentation, les pilotes emportaient leur propre nourriture, complétée par des rations militaires prévues pour ce genre de mission. L’appétit restait modéré : « On ne brûle pas beaucoup d’énergie en restant assis aussi longtemps », ironise Dale.

Une prouesse invisible
L’opération « Midnight Hammer » a été un succès technique et militaire, mais peu mesurent l’endurance nécessaire à ceux qui ont assuré son exécution. Trente-sept heures de vol dans un espace restreint, sans confort, sous tension constante, illustrent une autre forme de courage, discrète et silencieuse.

Le récit de Melvin J. Dale rappelle que derrière les chiffres, les cibles et les communiqués officiels, il y a des hommes confrontés à leurs limites physiques et mentales. Un rappel que la guerre moderne, malgré sa haute technologie, repose toujours sur des individus prêts à endurer l’extraordinaire pour mener à bien leur mission.

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